Et si la gauche européenne était en manque de repères – éloignée de ses valeurs fondamentales – et tentée de succomber aux méthodes de l’extrême droite pour contrer la crise migratoire ? Le revirement spectaculaire de Keir Starmer, premier ministre britannique, interpelle. Lui qui s’était insurgé face au projet de Boris Johnson consistant à renvoyer des migrants au Rwanda vante désormais le modèle italien qui a construit des centres de rétention pour migrants en Albanie.
Sa visite d’État en terres meloniennes passe très mal. Au Royaume-Uni, certains militants et sympathisants travaillistes dénoncent une imposture et une faute morale. Une députée s’inquiète « qu’on cherche à tirer des leçons d’un gouvernement néo-fasciste et à copier l’extrême droite sur l’immigration ». Avec les émeutes dans les banlieues britanniques et les tragédies à répétition dans la Manche, le Prime Minster est sous pression.
Starmer n’est pas le seul à succomber à la tentation d’un durcissement. L’Europe entière se barricade. Les contrôles aux frontières ont été rétablis dans onze pays de l’Union. C’est tout l’édifice des accords de Schengen et la libre circulation des personnes, considérés comme des piliers de la construction européenne, qui sont remis en cause.
Après avoir érigé des murs de barbelés à ses frontières, la Hongrie de Viktor Orban menace d’envoyer des cars de migrants à Bruxelles. Les Pays-Bas refusent sans complexe d’appliquer le Pacte migratoire européen et l’idée d’une meilleure répartition des réfugiés entre états membres. La Suède offre 30 000 euros aux migrants pour les encourager à retourner volontairement dans leur pays d’origine. Affaibli par la montée en puissance de l’extrême droite dans plusieurs Länder, Olaf Scholz vient de rétablir le contrôle aux frontières et refoule les migrants avant qu’ils ne puissent déposer une demande d’asile.
Une inflexion totale de la politique d’ouverture initiée en 2015 par Angela Merkel…