Membre fondatrice du collectif Ü, la Chaux-de-Fonnière Agathe Portner raconte comment elle vit à fond sa passion pour le théâtre
La salle s’assombrit. Silence. Les projecteurs éclairent deux monolithes gris au milieu de la scène, desquels s’échappent des cris d’animaux. Le père Ubu et la mère Ubu en émergent, leurs corps scintillent sous la lumière… Le collectif Ü réussit à faire vivre la pièce Ubu Roi pendant près d’une heure et demie. Une aventure pleine de rebondissements. Une adaptation de l’œuvre d’Alfred Jarry sans fioritures mais avec quelques éléments de décor intelligemment dispersés : les rectangles gris devenant tantôt une table de banquet tantôt un trône ou une grotte. Le costume du personnage principal est aussi mémorable, avec ses griffes acérées et sa couronne qui évoquent l’univers de Tim Burton.
Premiers pas sur les planches
Dans ses jeunes années, Agathe Portner a fait du piano avant de trouver sa voie. Lors d’une audition où elle joue une petite scène déguisée en crocodile, la fillette prend son pied : « Je me rappelle que le public avait rigolé et que j’avais eu trop de plaisir à faire ça. » Après avoir insisté auprès de ses parents, elle fait ses premiers pas sur les planches. Depuis, la passion ne l’a pas quittée : « Quand tu sors de scène, c’est la meilleure sensation. Et tu sais pourquoi tu fais ce travail. D’être devant un public, d’entendre les applaudissements, de sentir que tu as apporté quelque chose à des gens, c’est hyper agréable. »
Accomplissement
La comédienne en herbe suit le cours pour enfants du Théâtre Populaire Romand. Puis elle se lance cinq ans dans l’improvisation théâtrale, ce qui lui a amené « le lâcher prise, l’écoute sur scène et tester des trucs sur le plateau même si ça ne donne rien ». Après avoir terminé sa formation préprofessionnelle au TPR et sa formation d’enseignante à la HEP, l’artiste se présente à plusieurs concours d’écoles de théâtre et entre à l’IAD à Bruxelles.
En 2023, elle y obtient son bachelor et se lance à fond dans sa passion. Mais pourquoi faire enseignante et repousser son rêve de plusieurs années ?
« Le métier de comédienne, c’est hyper précaire et à 18 ans je ne me voyais pas tout de suite démarrer des études de théâtre. J’avais envie d’avoir un travail plus stable comme bouée de sauvetage. »
Depuis, Agathe Portner a été prolifique en créant, accompagnée de son ami Baptiste Vurlod, le collectif Ü. Les deux spectacles de la clique, Ubu et Les Claudes, « sont diamétralement opposés et n’ont rien à voir ». Si ce n’est une touche humoristique, absurde et sombre. L’actrice a eu la chance de jouer leur première création à la Plage des Six Pompes où l’accueil du public a été fantastique (lire sa Tribune de la jeunesse du 23 août).
Pour la suite, la comédienne, fan de Joaquin Phoenix, se voit bien tenter l’aventure dans le septième art car elle ne se « cantonne pas à faire du théâtre de rue ou en salle ». La théâtreuse aimerait aussi mêler ses deux formations pour transmettre sa passion de la scène aux plus jeunes.