« Je devais boucler ma série avec vos horlogers ! « 

Par Giovanni Sammali

Claude Schauli consacre son 6e documentaire tourné dans l’Arc jurassien aux « héritiers des paysans-horlogers ». à voir dès le 2 octobre.

Sa sixième chronique jurassienne, le réalisateur et producteur Claude Schauli se devait de la consacrer au génie horloger, avec un
titre qui annonce la couleur : Les héritiers des paysans-horlogers. Ce dernier docu­mentaire de la série, qui propose une immersion dans ce monde si secret, est à découvrir dès ce 2 octobre. Avant la première au Locle, le documentariste a accepté de présenter son dernier bébé dans Le Ô.

– D’où est venue l’idée de vous « frotter » aux horlogers ?
– Le Jura m’intéresse depuis bien longtemps. Mon premier reportage à la télévision suisse romande a été le portrait d’un haltérophile chaux-de-fonnier, en 1969. J’ai beaucoup aimé cette région et ses habitants. Depuis lors, je m’y sens un peu chez moi. Et même si la retraite a sonné, j’y ai tourné six documentaires : il était logique que je me « frotte » à l’horlogerie qui fait partie de votre ADN.

– Auriez-vous aimé être artisan-horloger ?
– Non ! Je n’ai pas la patience requise ; j’admire et j’envie beaucoup ces personnes qui sont à la fois artistes et artisans de très haut niveau mais je n’ai pas les qualités pour un tel art. Et en plus, j’adore mon métier : je joue du reste les prolongations ! Mais j’ai noté un point commun entre les horlogers et le documentariste ; nous aussi vivons dans une bulle, le temps de la fabrication d’un film.

– Avez-vous attrapé le virus des beaux garde-temps ?
– Je regarde une Rolex, une Richard Mille ou une Rudis Sylva avec un autre œil ; j’imagine mieux le travail en amont, je pense à ces artisans qui œuvrent dans l’ombre pour faire la grandeur des marques de prestige. Je n’ai pas les moyens d’en porter une mais ça ne me pose aucun problème.

– Une anecdote du tournage ?
– Avec le chef opérateur Camille Cottagnoud et l’ingénieur du son Nicolas Binggeli, nous parlions à voix basse dans tous les ateliers, par respect pour les artisans. On se sentait un peu dans une chapelle, une église ou une cathédrale en fonction de la grandeur des lieux. Lorsqu’on avait fini de tourner la séquence, il nous fallait quelques bonnes minutes pour retrouver une voix normale, pour sortir de la bulle dans laquelle les artisans nous avaient autorisés à entrer.

– Pourquoi, même en pays horloger, doit-on voir votre film ?
– Pour les horlogers en activité ou à la retraite la question ne se pose pas, et pour le grand public je pense que c’est un film rare car les grandes marques refusent les caméras dans les ateliers. Nous avons eu ce privilège grâce à Jacky Epitaux, patron de la marque Rudis Sylva. Je suis persuadé que le grand public aura la curiosité et le plaisir de pénétrer dans ces ateliers en pleine activité et sera sensible à la passion de ces « gardiens du temps ».

Où voir le film Casino du Locle : mer 2 oct. 16 h 45 ; sam 5 oct. 14 h. et dim. 6 oct. 14 h.
En présence de l’auteur, de Micaela Fahrni et Morghan Mootsosamy du musée de l’horlogerie du château des Monts.
Scala La CdF : dim. 13 oct. 10 h. en présence de l’auteur et d’un artisan-horloger. Puis dès mer. 16 oct.

Christian Laufer, angleur à La Chaux-de-Fonds. 
 Un des horlogers héros du film de Claude Schauli 
 (dr – Manisanda / Camille Cottagnoud)
Christian Laufer, angleur à La Chaux-de-Fonds. Un des horlogers héros du film de Claude Schauli (dr – Manisanda / Camille Cottagnoud)

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