Lors des discussions à la machine à café avec ses collègues, on parle plus volontiers de ses maux de tête que de ses hémorroïdes. De la même manière, la prise en charge médicale en proctologie reste encore souvent taboue. « Quand nos patients viennent nous voir, c’est souvent trop tard, souligne le Dr Tahir Wissanji, médecin chef adjoint au sein du service de chirurgie du RHNe – La Chaux-de-Fonds. La chirurgie est alors la seule façon de régler le problème. »
Vous, moi, hommes, femmes, chacun peut présenter un épisode hémorroïdaire à un moment ou à un autre de sa vie. La pathologie est particulièrement fréquente après un accouchement : ainsi, 50 % des femmes de plus de 45 ans ont connu une manifestation de cette affection, qui se caractérise par la dilatation anormale de coussinets vasculaires situés dans le canal anal. « La constipation chronique est également une cause fréquente des hémorroïdes, reprend le Dr Wissanji. L’alimentation peut aussi jouer un rôle déclencheur, notamment la consommation d’alcool et de plats épicés. »
La prise en charge des hémorroïdes a fortement augmenté à l’hôpital de La Chaux-de-Fonds depuis la création de la consultation de proctologie en janvier 2020, passant de 150 à plus de 700 cas par année. Une progression qui a nourri la hausse de l’activité du service de chirurgie du site, également composé du Dr Jean-Claude Renggli et du Dr Mirza Muradbegovic.
Le Dr Wissanji insiste sur l’importance de la prévention. « Beaucoup de personnes ne font rien, car au début, les hémorroïdes ne font pas mal. Ça brûle, ça gratte, avec un sentiment d’humidité entre les fesses, mais rien de plus. à ce stade de la pathologie, il existe des traitements non invasifs comme les médicaments et les crèmes à application locale, mais surtout des mesures hygiéno-diététiques permettent dans la majorité des cas de ne pas devoir passer par une opération. Lorsque les symptômes perdurent, avec des saignements et une douleur qui devient vive et qui altère la qualité de vie, il faut le plus souvent opérer. Dans ce cas, les patients nous sont envoyés par leur médecin traitant ou leur gastro-entérologue. »
Quand la décision d’opérer est prise, le Dr Wissanji doit choisir quelle technique chirurgicale il va utiliser : la ligature des artères hémorroïdaires guidée par échographie, qui est relativement peu invasive ; ou l’ablation des hémorroïdes, qui est pratiquée en dernière extrémité. « C’est l’intervention qui entraîne le plus de douleurs post-opératoires, précise le Dr Wissanji. Dans les deux cas, l’intervention est réalisée en ambulatoire sous anesthésie générale ou sous anesthésie partielle. »
La proctologie ne se résume pas aux hémorroïdes, même si c’est la pathologie la plus fréquente. La consultation dédiée du RHNe prend également en charge des patients souffrant de fistules (à écouter : le témoignage d’une patiente du Dr Wissanji en scannant le QR code), de fissures anales, d’incontinence, de maladies infectieuses, dermatologiques ou inflammatoires qui ont un impact sur l’anus ou le rectum.