Aurélien Benoits s’est précipité. Il a réussi à faire expulser la bouchée bloquée. « Avec toute mon équipe, nous nous sommes formés aux gestes qui sauvent. »
La scène dure moins de cinquante secondes. Elle n’a pas échappé aux clients attablés au premier niveau de la brasserie de l’Hôtel-de-Ville ce samedi 5 octobre. Le restaurant affichait complet en ce début de soirée. Sur les images de la caméra située au-dessus du comptoir, on voit l’épouse d’Aurélien Benoits s’arrêter en plein service et fixer plusieurs secondes une cliente proche de l’entrée. « Noémie venait de passer à cette tablée », raconte le patron. « Elle a remarqué que la dame avait un comportement bizarre. » Et pour cause : une bouchée coincée dans le cou, cette habituée commençait à s’étouffer !
La suite va très vite. Aurélien Benoits se précipite vers la septuagénaire et voit qu’elle n’arrive plus à lui parler. Il n’hésite pas une seconde : « J’ai pratiqué la technique » heimlich » (réd : qui consiste à enlacer depuis l’arrière la victime en plaçant son poing sous son sternum, en attrapant son propre poing de l‘autre main et à tirer vers soi et vers le haut simultanément). J’ai appris ça quand avec toute mon équipe, nous avons suivi une formation aux gestes qui sauvent pendant la période Covid».
On voit sur la vidéo les deux fortes compressions successives pratiquées par le restaurateur, sous le regard de son épouse. « On a commencé l’école hôtelière ensemble, à 15 et 16 ans. On travaille ensemble depuis vingt-deux ans. C’est grâce à notre belle complicité qu’on a pu intervenir si vite. » Aurélien soulève ensuite la cliente et lui administre deux claques dans le dos. « La bouchée est ressortie ! La dame a retrouvé son souffle et a pu continuer son souper. Au moment de repartir, elle m’a pris dans ses bras. Ça m’a ému, même si je ne me sens en rien un héros. J’ai juste fait ce qu’il fallait. »
Ce n’est pas le premier sauvetage du genre à la BHV. Lors d’une fin de service dont toute l’équipe se souvient, une bouchée de pain et fromage avait fait perdre connaissance à un client qui avait dû être hospitalisé. « J’avais pratiqué un massage cardiaque jusqu’à l’arrivée des secours et ceux-ci m’ont dit que ça lui avait sauvé la vie. »
Défibrillateur à la carte !
En plus de la formation de premiers secours suivie par son équipe et lui, Aurélien Benoits a doté son établissement d’un défibrillateur. « Il y en a bien un sur la place de l’Hôtel-de-Ville. Mais je suis plus tranquille d’en avoir un sous la main dans le restaurant, même si j’espère qu’on ne l’utilisera jamais. On a déjà été servi en matière de premiers secours ! », sourit le patron. Qui note qu’avec deux accidents en 18 ans d’activité sur place, dont presque cinq ans comme propriétaire, « ça reste rarissime. » On peut manger tranquillement – et aux petits soins ! – à la BHV.