Poignants adieux

Deux cérémonies distinctes se sont suivies à quelques heures d’intervalle mardi. L’une pour les proches de l’auteur de la tuerie, ce père de famille français établi à La Chaux-de-Fonds, qui a abattu sa femme et sa fille de 17 ans avant de se donner la mort, il y a deux semaines, dans leur appartement du centre ville. L’autre pour les deux victimes de son geste épouvantable, qui a mis un terme brutal à dix-neuf ans d’un apparent bonheur. Après les fleurs, les messages et le recueillement devant l’immeuble, l’entier du lycée Blaise-Cendrars avait dit son émotion en publiant un faire-part dans la presse, en mémoire d’une « étudiante lumineuse de notre école, si injustement et prématurément arrachée à la vie ».

Au-delà des larmes et de la colère de ces poignants adieux, un tourbillon d’incompréhension demeure. Le procureur Nicolas Aubert confirme que si la thèse de problèmes financiers a été invoquée dans le communiqué de police, c’est parce que les enquêteurs avaient des éléments le certifiant. C’est aussi la raison pour laquelle le terme de féminicide n’a pas été utilisé dans le communiqué officiel, « de façon justifiée », explique le Ministère public.

Dans l’acception générale, « ce terme, qui n’a rien de juridique et ne figure pas dans le code pénal, désigne le meurtre d’une femme par son conjoint, dans le cadre de violences conjugales ou d’une rupture. J’entends et je comprends les personnes qui veulent qu’on parle d’un féminicide (réd : un tel passage à l’acte relevant d’une dynamique de pouvoir). Mais ce n’est pas dans le contexte à l’origine de ce terme que ce drame est survenu », note le procureur général.

Dans un message retrouvé sur place, et alors que l’intervention d’un tiers a pu être exclue par les enquêteurs, l’auteur a invoqué ses seuls déboires financiers comme motif de son geste. « L’enquête devra établir la réalité et l’ampleur de cette péjoration financière », note Nicolas Aubert. En prévenant que l’enquête sera encore longue pour déterminer la valeur de biens immobiliers en France et en Thaïlande.

Pour l’heure, l’émotion et le choc suscités demeurent intenses. (cz-gs-Le Ô)

 

 

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