Au lendemain de l’élection de Donald Trump, Emmanuel Macron a lancé l’alerte à Budapest. Usant d’une métaphore singulière et animale, il a prévenu ses alliés européens. « Le monde est fait d’herbivores et de carnivores. Si on décide de rester des herbivores, les carnivores gagneront. Ce ne serait pas mal d’être des omnivores. » Dans ce contexte mondial volatile et incertain, le président français appelle à un sursaut européen. « Une puissance géopolitique sans égal, qui ne s’assume pas en tant que puissance pleinement indépendante. » Emmanuel Macron fustige cette Europe née de l’après-guerre qui a délégué sa sécurité à l’OTAN, son modèle de croissance aux Chinois et son potentiel d’innovation technologique aux Américains. Autant de domaines hautement stratégiques, cruciaux pour l’avenir et la vitalité économique du continent européen.
Dans ce monde nouveau, marqué par l’émergence de tentations totalitaires et impérialistes, l’Union européenne se doit d’assumer une stature de puissance à l’échelle du monde. Tiraillée par la diversité et la richesse de ses identités, elle doit s’affirmer dans le concert vertigineux d’une mondialisation désenchantée et d’un continent menacé par le conflit en Ukraine. L’élection triomphale de Donald Trump risque de réduire encore sa marge de manœuvre et d’accentuer la tentation du protectionnisme et de l’isolationnisme. Avec la Chine, l’Europe deviendra la principale cible d’une guerre commerciale qui va s’accentuer davantage encore. Une nouvelle ère d’incertitude s’ouvre pour un Vieux Continent en souffrance. Sur le plan économique et politique. Le monde selon Emmanuel Macron, qui entend nous alerter sur un autre danger. La fragilité et la vulnérabilité de nos démocraties. Le risque pour l’Europe de se faire « dévorer » dans un monde de brutes où la solidarité et le multilatéralisme s’effaceront au profit de la loi du plus fort.