L’usine du Crêt-du-Locle a doublé son autoconsommation après la tempête
Il s’est pris la tempête du 24 juillet 2023 dans les gencives ! Le spécialiste des instruments dentaires FKG a reconstruit son usine plus écologique qu’avant. Résultat, la part d’autoconsommation a doublé. En même temps l’entreprise du Crêt-du-Locle s’est fait remarquer par l’introduction d’un télétravail saisonnier de plusieurs semaines durant l’été. Un management créatif tant sur le plan environnemental que des ressources humaines. Le Ô a rencontré le CEO Didier Devaud et son adjoint Jacques Suter, directeur opérationnel qui était présent sur le site le jour de la tempête et qui a piloté le chantier de reconstruction.
– Les travaux sont terminés ?
– Jacques Suter : On a eu pour 3 millions de dégâts. La reconstruction est achevée à quelques finitions et retouches près.
– L’usine a été reconstruite plus écolo qu’avant ?
– La toiture a été complètement refaite avec des nouveaux matériaux d’isolation et de nouveaux panneaux solaires. Ils sont plus performants et on en a posé davantage. On va également couvrir de panneaux les parkings.
– En chiffres ?
– Précisément 2607 panneaux, une surface active de 5083 m2, pour une production annuelle attendue de 1100 MWh, ce qui correspond à la consommation de 500 ménages. Cela représente entre 40 et 45 % d’autoconsommation, soit le double qu’avant la tempête.
– Combien d’investissement ?
– Didier Devaud : Pour nous zéro franc car nous avons un contrat de 25 ans avec Viteos, qui est propriétaire de l’installation. Cette solution nous permet de concentrer nos investissements dans le parc de machines, entre 2 et 2,5 millions chaque année.
– FKG Dentaire est créatif sur le plan RH avec l’introduction d’un télétravail estival, est-ce que vous l’êtes autant sur le plan énergétique ?
– JS : C’est clairement une priorité, ne serait-ce qu’avec les plans de décarbonation qu’il faut mettre en place. La difficulté est que nous sommes une entreprise médicale, les processus de validation sont très longs.
– DD : Les nouvelles normes européennes représentent une énorme bureaucratie. Typiquement si on veut utiliser une huile moins polluante, on doit revalider tout le processus. Avant ça prenait quatre mois, aujourd’hui entre dix-huit et vingt-quatre !
– Votre industrie est-elle gourmande en énergie ?
– JS : Oui, on est à 1,7 million de KWh par année. C’est l’équivalent de la station d’épuration de la ville de La Chaux-de-Fonds.
– Quel potentiel d’économies ?
Le remplacement des machines permet d’importantes économies d’énergie. On vient de refaire une génération de CNC. En changeant les moteurs et la commande numérique, on arrive à 30 % de consommation en moins.
DD : C’est un peu une course contre la montre. Nous sommes devenus plus efficaces mais on consomme plus car les volumes de production augmentent.
– Montrer patte verte… c’est devenu une nécessité de marketing ?
– Au niveau des clients ce n’est pas le point le plus important. Pour les dentistes, le rapport qualité/prix reste déterminant.
– Le réchauffement climatique, ça vous inquiète ?
– Complètement. Comme entreprise nous avons une responsabilité. Aujourd’hui nous rapatrions des activités sous-traitées à l’étranger. Ça nous permet de mieux maîtriser les processus de fabrication. En Suisse les normes sont plus strictes et on produit de manière plus propre.
– Et à titre personnel, votre geste pour la planète ?
– Professionnellement je voyage beaucoup. Quand je vois un désastre écologique comme Dubaï, ça me rend encore plus conscient. Je fais attention aux gestes quotidiens : économie d’eau, recyclage de tout ce qui peut l’être… Et je roule avec une voiture hybride.
On doit constamment réfléchir à ce qu’on fait. à un moment j’avais essayé d’être 100 % digital, mais cela implique des serveurs qui consomment énormément. De plus, prendre des notes de façon digitale s’avère moins performant en termes de concentration et de mémorisation que de le faire à l’ancienne sur un papier. Il y a des paradoxes dans cette phase de transition. Avec de bonnes intentions on tombe parfois à côté.