Retour sur la conférence événement du Club 44 sur la situation politique et humanitaire à Gaza.
« Gaza est le pire endroit au monde pour un enfant. » Le constat émane de Philippe Lazzarini, dirigeant de l’UNRWA, l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens. « La bande de Gaza est un monde où on a vu tous les possibles superlatifs en matière de souffrance humaine. Il y a plus de 20 000 enfants qui sont orphelins, sans compter ceux qui ont été tués et ceux qui sont devenus handicapés. »
Au-delà des bombardements brutaux et féroces, les gens se sont en moyenne déplacés plus d’une dizaine de fois. La population est concentrée sur 10 % du territoire. Il n’y a pas une journée sans une annonce de destruction d’abris et d’écoles. La situation humanitaire demeure elle aussi très préoccupante. L’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a lancé un niveau d’alerte élevé de risque de famine.
Une situation désastreuse découlant des combats d’après les attentats du 7 octobre. « Gaza n’a jamais connu la faim auparavant et connaissait même une autonomie alimentaire grâce à son agriculture, son cheptel et ses arbres fruitiers. » Fondateur de Médecins du monde et responsable de l’observatoire Éthique et santé humanitaire, Nago Humbert décrit les victimes collatérale. « Des patients atteints de maladies chroniques (diabète, hypertension, cancer, insuffisance cardiaque ou rénale) sans compter la sous-alimentation qui d’après plusieurs études, dont une publiée dans le Lancet, aurait déjà fait 200 000 morts. » Jean-Daniel Ruch dresse le constat d’échec politique et diplomatique. « Le déclencheur de la crise humanitaire à Gaza, c’est l’échec de la diplomatie. Déjà bien avant la tragédie du 7 octobre 2023, mais aussi après le 7 octobre 2023. »
Engagé dans la recherche d’une solution à deux états en tant que représentant spécial de la Suisse au Moyen-Orient de 2008 à 2012, puis comme ambassadeur de Suisse en Israël de 2016 à 2021, Jean-Daniel Ruch donne une explication. « Le tournant a été le retour au pouvoir de Benjamin Netanyahou en 2009. Alors que les négociations israélo-palestiniennes avançaient bien auparavant, avec le trio Abbas-Olmert-Bush, la quête d’une solution négociée connaît un brusque coup d’arrêt après les changements de pouvoir en Israël et aux états-Unis. »
Comme le monde occidental s’est coupé du Hamas dès 2007, il n’y a personne pour exercer une vraie pression sur le mouvement palestinien. Donc, la guerre et les massacres continuent. On crut que le conflit pouvait être géré en contenant le Hamas avec les millions du Qatar. Une nouvelle illusion aux conséquences incommensurables.