La Roumanie ou la tentation de Moscou

Par Olivier Kohler

Séisme électoral et politique en Roumanie. Déjouant tous les pronostics, le candidat pro-russe et ultranationaliste Călin Georgescu remporte le premier tour de la présidentielle. Sorti de nulle part, crédité de seulement 8 % dans les sondages, personne ne l’a vu venir. Sauf le réseau chinois TikTok où le candidat cumule 2 millions d’abonnés. On le voit dans ses vidéos adopter la même posture virile que Poutine quand il pratique le judo, la natation et l’équitation. Les mêmes outrances verbales que Donald Trump, quand il s’agit de déconsidérer son adversaire politique. Les mêmes recettes de campagne. Discours sans nuances et concessions. Glorification d’une Roumanie qui était un allié zélé du IIIe Reich durant la Seconde Guerre mondiale. En meeting électoral, Călin Georgescu, autoproclamé spécialiste en développement durable, assume sans complexe une idéologie antisémite, dressant l’apologie d’Ion Antonescu, l’architecte de la Shoah roumaine qu’il considère comme un héros de la nation.

En Roumanie, la fonction de président est certes honorifique, mais la perspective – bien réelle – qu’il soit élu au second tour, le 8 décembre prochain, inquiète en plus haut lieu à Bruxelles. Un pavé dans la mare pour l’Union européenne contrainte de composer avec des dirigeants européens de plus en plus hostiles à l’OTAN et à l’Occident. Hongrie, Slovaquie, Géorgie et peut-être bientôt le géant allemand, plongé dans le doute et confronté à la crise.

Dans ce contexte difficile et incertain, le narratif ukrainien est devenu inaudible. Miroir déformant de la géopolitique européenne, la Roumanie en est l’illustration. Allié de la première heure du président ukrainien, le pays constitue avec la Pologne l’une des principales bases arrières de l’Alliance atlantique, avec un contingent important de soldats français et même un bouclier anti-missiles américain. Désormais aux portes du pouvoir, ce candidat très proche du Kremlin a mené campagne pour un arrêt immédiat de la guerre en Ukraine. Comme Donald Trump, sur le point de réinvestir la Maison-Blanche.

 

 

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