Immersion dans l’âme du violon

Par Olivier Kohler

Claude Lebet, le célèbre luthier chaux-de-fonnier, signe une autobiographie de haut vol.

« Un voyage dans la passion, la musique, la fantaisie et les emmerdes… » Ce prélude sans détour et sans concessions donne le ton. Le récit est captivant. La plume alerte, cristalline et séduisante. Richement illustré, ce récit à valeur de document retrace la destinée improbable de Claude Lebet, luthier de génie, figure artistique considéré comme l’un des artisans constructeurs et expert du violon les plus réputés au monde.

Partant du geste précis et méticuleux du luthier accompli dans le secret des ateliers jusqu’au bout de la nuit, l’auteur nous invite à découvrir un univers. Violonistes célèbres, collectionneurs, mélomanes, rencontrés sur tous les continents. De La Chaux-de-Fonds à Crémone, où l’auteur met le cap à 20 ans pour se former auprès des plus grands maîtres, de Paris à New York en passant par Prague, Tokyo et Rome, où sa renommée devient internationale, Claude Lebet se livre ici avec force et sincérité. « Un ouvrage où tout est vrai, tout a été vécu », explique son éditeur, Patrice Allanfranchini. « On se laisse séduire et surprendre par cette mélodie sortie d’innombrables coups de rabot et d’archet. Ce monde d’illusions qui l’a conduit à se laisser entraîner dans un univers qui lui a fait perdre pied. »

De l’âge d’or, marqué par les succès et la notoriété, en passant les tragédies, les erreurs et les trahisons, ce livre n’occulte rien. Soixante-huit histoires courtes – lues en avant-première par le comédien Robert Bouvier – emportent dans un tourment d’émotions et de découvertes. Invitation à un voyage initiatique dans le monde du violon, ses grands interprètes et ses joyaux uniques. Stradivarius, Amati et tant de trésors perpétués par des savoir-faire séculaires.

L’ouvrage vaut également pour sa dimension encyclopédique. Richement documenté, il rend hommage aux grands maîtres et aux luthiers qui l’ont inspiré à travers les siècles et revient à force de détails sur l’histoire des grands chefs d’œuvre ornés du sceau de l’éternité. L’auteur s’interroge également sur les défis actuels de la préservation d’un patrimoine en péril et les dérives d’un business marqué par la soif d’investisseurs sans foi ni loi. Un violon pour des violons, le récit d’une vie et d’un destin romanesque, marqué par la passion et les tumultes d’une apogée romaine qui mènera Claude Lebet au violon. « J’ai tout donné au violon mais le violon m’a tout repris », confie l’auteur, non sans autodérision. Un livre marquant où se superposent l’amour, la passion et la musique qui enchante le monde.

Un violon pour des violons, Claude Lebet, éditions du Griffon, Neuchâtel, 2024

Vernissage
12 décembre, 18 h, chapelle des 10 000 Martyrs, Le Landeron, en présence de l’auteur. Lecture de Robert Bouvier. Animation musicale par la violoniste Elizaveta Cibotaru.

 

 « J’ai tout donné au violon 
 mais le violon m’a tout repris »  
 confie Claude Lebet
 « J’ai tout donné au violon mais le violon m’a tout repris » confie Claude Lebet

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