Chef de la prévention à la police neuchâteloise, Daniel Favre est une figure du canton. Bientôt à la retraite !
Sûr que dans un film mettant en scène le bon et le méchant flic, Daniel Favre aurait tenu le rôle du gentil. Devenu Monsieur prévention de la police neuchâteloise, le sergent-chef prendra sa retraite en 2025 après trente-huit ans de bons et loyaux services. Invité du dernier forum du Cercle du Ô, il multiplie les conférences dans les écoles et auprès des aînés pour les rendre attentifs au harcèlement et aux arnaques sur le Net. Et il a la réputation de remplir les salles comme une rock star. Il est aussi président cantonal de la Paternelle, et pote de Patrick Bruel. Au moment de cette rencontre, il préparait la campagne « crepusculo » contre la hausse des cambriolages au passage à l’heure d’hiver.
– En trente-huit ans, comment a évolué la criminalité ?
– Avant, quand on disait « stop police ! » les gens s’arrêtaient. Aujourd’hui ils ont tendance à courir. Ils sont plus vindicatifs et ont du mal à assumer leurs actes. On a passé d’une criminalité de quartier, où on connaissait tout le monde, à une criminalité mondialisée via Internet.
– Plus difficile d’attraper les coupables ?
– C’est en effet plus compliqué quand ils se trouvent sur d’autres continents. Avec l’évolution des technologies, la forensique est un précieux allié.
– Meilleur souvenir ?
– C’est difficile de parler de bon souvenir mais je pense aux levées de corps. Ce sont des moments intenses sur le plan humain. Il y a aussi le contact avec des jeunes qui étaient dans la drogue et qui ont bien tourné, que j’ai revus plus tard mariés avec des enfants.
– Pire souvenir ?
– C’est lié à la mort aussi. Un accident de la route, le blessé me parlait et à un moment l’ambulancier m’a dit que c’était fini. Il était mort. Le pire c’est d’aller l’annoncer à la famille.
– Vous êtes le responsable de la prévention de la criminalité et seul à ce poste. La prévention parent pauvre de la police ?
– On peut faire plus ! J’ai fini par être le visage de la prévention. Mais mes collègues sur le terrain, toute la police de proximité, en font aussi. Ils ne font pas que de la répression.
– Vous présidez la Paternelle, qui aide les orphelins, depuis vingt ans…
– Ce sont des familles qui cotisent. On intervient quand l’un des parents décède. Ça peut être une aide au ménage ou aux devoirs, des séances de thérapie par le cheval, un soutien psychologique, l’appui d’un notaire… On prend en charge les situations qui découlent du deuil. On organise aussi des sorties et des vacances gratuites.
– Qui peut en profiter ?
– Il faut être membre de la Paternelle. Dans le canton nous avons 400 familles cotisantes et 900 membres soutien. Actuellement nous venons en aide à 25 orphelins.
– Pourquoi cet engagement ?
– J’ai perdu mon papa quand j’avais 9 ans. Et j’ai fait mes premières vacances avec la Paternelle. Comme j’ai été soutenu très jeune, je voulais rendre la pareille.