« La musique n’échappe pas au système patriarcal »

Par Joyce Joliat

La parité de genre reste un défi pour le secteur culturel. La chanteuse Giulia Dabalà raconte son expérience.

Lorsqu’on lui demande si elle a déjà vécu des inégalités de traitement liées à son genre, la chanteuse et compositrice Giulia Dabalà n’hésite pas une seconde. « Bien sûr ! L’industrie de la musique ne fait pas exception. » La Chaux-de-Fonnière en témoigne : les femmes sont en minorité, sur scène comme dans les coulisses. D’où la difficulté de se sentir légitime et d’adopter une posture d’autorité, pour faire entendre ses choix artistiques.

« Lors de concerts, il est déjà arrivé que les techniciens ne prennent pas en compte mes demandes. Comme si, parce que je suis une femme, on pouvait ne pas prendre au sérieux mes choix ! » À cela s’ajoutent parfois des placements peu valorisants dans les horaires de programmation, des commentaires déplacés et autres maladresses. « Lors des sound-checks, je suis souvent la seule femme dans la salle. On m’explique les éléments techniques comme si je n’étais au courant de rien. L’autre jour, on m’a dit comment allumer un micro… »

Un combat pour se sentir légitime
La musicienne, lauréate en 2020 du festival M4Music, n’est pourtant pas une novice. Son premier EP sort en 2017. Depuis, elle enchaîne les projets, publie son premier album en 2022, et performe dans les festivals et salles suisses. Elle chantera entre autres à la Case à chocs de Neuchâtel le 5 avril 2025.

Giulia Dabalà l’avoue : il lui a fallu des années pour se sentir légitime de monter sur scène. Selon elle, ce sentiment d’imposture fait partie intégrante du problème. « Il est essentiel que les jeunes filles puissent avoir des modèles féminins, pour arriver à se projeter dans ce métier et se sentir à leur place. La musique est un super vecteur de changement. On a besoin que les femmes et les minorités de genre l’utilisent pour raconter leurs histoires. »

Le marché existe !
Pour y contribuer, l’artiste donne des ateliers de beatmaking aux plus jeunes et s’est engagée dans l’association Helvetia Rockt, qui milite pour une industrie musicale diversifiée. Elle parle aussi de ses thématiques dans ses morceaux, comme dans son dernier single Shut Up & Listen, en collaboration avec la rappeuse MC Yallah.

La jeune femme se dit toutefois optimiste, en constatant l’engagement de certaines institutions et salles de concert. «Il existe un réel marché pour les artistes féminines, comme le prouvent les charts internationaux.
L’industrie ne pourra qu’évoluer vers plus de parité, et cela grâce au travail de femmes et d’hommes sensibilisés à ce sujet. » Reste une question : combien de temps faudra-t-il pour y arriver ?

Plus d’informations : @giuliadabala

Culture plus égalitaire : les défis de la parité

Longtemps dominés par la gent masculine, les milieux culturels tentent de rééquilibrer la place des femmes. Soucieux d’accompagner cette évolution, le service cantonal de la culture intègre les enjeux de l’égalité à ses réflexions, en s’appuyant notamment sur la récente loi sur l’encouragement des activités culturelles et artistiques (LEAC). « Certains principes – comme l’égalité de la rémunération pour un travail équivalent – figurent désormais de manière explicite dans les contrats de prestation que nous passons avec les structures culturelles », explique Marie-Thérèse Bonadonna, cheffe du service.

Les défis restent nombreux : des traditions masculines tenaces dans certaines disciplines et un faible taux de femmes aux postes dirigeants. Une étude de l’université de Bâle de 2021 révèle que seules 28,8 % des femmes siègent dans les comités directeurs culturels, et 8,3 % président des festivals ou salles de concerts.

Autre enjeu : la faible représentation féminine sur scène, souvent justifiée par les programmateurs eux-mêmes, qui se disent contraints par les tendances imposées en amont par l’industrie musicale.

Le service de Marie-Thérèse Bonadonna n’intervient pas dans ces décisions, étant tenu de respecter la liberté et l’indépendance de la création artistique. « Pourtant, la scène suisse regorge d’artistes féminines talentueuses. S’appuyer uniquement sur des formules éprouvées limite la diversité culturelle », relève la cheffe du service. « La place des femmes dans la culture ne devrait pas être un débat mais une évidence. »

Son service a indéniablement un rôle à jouer, mais ne peut relever seul l’ensemble des défis. Marie-Thérèse Bonadonna le souligne : atteindre la parité nécessite un engagement de toutes les parties prenantes et une volonté commune de faire évoluer les mentalités et les pratiques.

Giulia Dabalà sur scène. 
 (photo Julien Grosjean)
Giulia Dabalà sur scène. (photo Julien Grosjean)

Culture plus égalitaire : les défis de la parité

Longtemps dominés par la gent masculine, les milieux culturels tentent de rééquilibrer la place des femmes. Soucieux d’accompagner cette évolution, le service cantonal de la culture intègre les enjeux de l’égalité à ses réflexions, en s’appuyant notamment sur la récente loi sur l’encouragement des activités culturelles et artistiques (LEAC). « Certains principes – comme l’égalité de la rémunération pour un travail équivalent – figurent désormais de manière explicite dans les contrats de prestation que nous passons avec les structures culturelles », explique Marie-Thérèse Bonadonna, cheffe du service.

Les défis restent nombreux : des traditions masculines tenaces dans certaines disciplines et un faible taux de femmes aux postes dirigeants. Une étude de l’université de Bâle de 2021 révèle que seules 28,8 % des femmes siègent dans les comités directeurs culturels, et 8,3 % président des festivals ou salles de concerts.

Autre enjeu : la faible représentation féminine sur scène, souvent justifiée par les programmateurs eux-mêmes, qui se disent contraints par les tendances imposées en amont par l’industrie musicale.

Le service de Marie-Thérèse Bonadonna n’intervient pas dans ces décisions, étant tenu de respecter la liberté et l’indépendance de la création artistique. « Pourtant, la scène suisse regorge d’artistes féminines talentueuses. S’appuyer uniquement sur des formules éprouvées limite la diversité culturelle », relève la cheffe du service. « La place des femmes dans la culture ne devrait pas être un débat mais une évidence. »

Son service a indéniablement un rôle à jouer, mais ne peut relever seul l’ensemble des défis. Marie-Thérèse Bonadonna le souligne : atteindre la parité nécessite un engagement de toutes les parties prenantes et une volonté commune de faire évoluer les mentalités et les pratiques.

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