Les « locaux » laissés pour compte ?

Par Kevin Vaucher

La séance du Conseil d’état du 15 janvier dernier a accouché d’une petite souris concernant le sujet de l’aide aux médias. Deux cent mille francs par année, sur deux ans, c’est quand même un « beau bébé », me répondront peut-être certains. C’est en tout cas la réponse formulée par l’exécutif neuchâtelois, faisant suite à une motion interpartis, déposée il y a près d’une année. Problème : cette réponse tire « la souris par la queue » et n’est pas à la hauteur de l’urgence de la situation pour plusieurs raisons.

L’aquarium financier des médias fuit de différents côtés
Pour imager le dossier avec une métaphore, on pourrait dire que les médias nagent dans un aquarium financier qui fuit de tous côtés. Ce constat est d’ailleurs partagé par Florence Nater, en charge du département de l’emploi et de la cohésion sociale : « Ce secteur est aujourd’hui mis à mal en raison de plusieurs facteurs. Les travaux sont ouverts au niveau fédéral pour trouver des solutions qui sont à même de consolider un paysage médiatique diversifié et de qualité dans notre pays. » Oui mais le temps presse et « l’eau s’écoule » inexorablement. Des actions sont bel et bien lancées pour colmater les brèches mais « le chewing-gum » est beaucoup trop poreux pour stopper les fuites.

Conseil d’État : un rôle de chef de famille ?
Cette fois, le Conseil d’État a opté pour un plan sur deux ans, limité « aux trois principaux médias généralistes d’importance cantonale (RTN, Arcinfo et Canal Alpha) ». En tant que membre de la famille médiatique, on ne peut qu’applaudir cette aide qui est toujours bienvenue, quel que soit son impact ! Mais le fait qu’elle soit limitée dans le temps, et plus encore, le fait qu’elle soit limitée à trois membres de la famille médiatique neuchâteloise pose question. Et chez nous, au journal Le Ô, on se demande forcément pourquoi les médias locaux ne sont pas davantage protégés par le chef de famille qu’est le Conseil d’État ?

Que peuvent faire les communes ?
Pour Florence Nater, il faut réfléchir selon le « modèle des échelons » : « Le rôle de l’État est de cibler son intervention auprès des médias diffusant sur l’ensemble du canton. Il faut que chaque échelon de notre organisation fédéraliste joue son rôle. Si les communes concernées le souhaitent, elles peuvent apporter leur soutien à leurs médias locaux. » Chacun chez soi et le porte-monnaie sera bien gardé ! En 2024, il est vrai que la ville de La Chaux-de-Fonds a joué le jeu en accordant un soutien financier extraordinaire de 37 000 francs (1 franc par habitant) au journal Le Ô ainsi qu’à Arcinfo. Pour en revenir à notre « aquarium », cette remise à flot aussi inattendue que bienvenue a permis d’offrir un peu de répit jusqu’au prochain asséchement du bocal. Alors que faire ?

Les bons et les mauvais médias ?
Cette interrogation sous-tend directement celle-ci : aider certains et pas d’autres n’induit-il pas l’idée fausse qu’il y a de bons et de mauvais médias ? « Il ne s’agit aucunement de définir les bons médias mais bien d’identifier les rôles à chaque échelon. Et cela n’enlève en rien la qualité de l’information ainsi que le rôle important joué par les médias locaux. Par ailleurs, l’État les soutient indirectement par le biais de publications d’annonces payantes, via les différents services de l’administration cantonale », répond Florence Nater. Et plouf, on retombe alors tête la première dans notre aquarium financier qui s’assèche aussi vite que le lac des Brenets sous canicule. Bon alors, c’est quand qu’on la prend vraiment par la queue cette souris ? Car pour l’instant, on a beau la tremper dans l’eau et la tremper dans l’huile mais cela reste un dossier tout chaud qui avance comme un escargot…

 

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