Alors que l’initiative des jeunes verts, qui, telle une pomme, s’est fait ronger par d’autres vers mais bien plus libéraux ceux-ci, les Suisses qui ont daigné se déplacer aux urnes funéraires de l’écologie dimanche dernier ont jeté leur opprobre sur le rêve verdâtre d’une terre sans pneus, sans steak de cheval, sans huile de vidange dans le caniveau, sans voitures électriques, sans traces de mercure dans le plomb, sans téléphones portables et sans streaming. Les cours d’initiation « Je taille mes silex tout seul » et « Comment faire ma combi de ski en toile de jute recyclée » ont malheureusement dû être annulés faute d’inscriptions.
On a beau rabâcher les mêmes rengaines culpabilisatrices, quand c’est trop tard, c’est trop tard et ce n’est pas une éolienne qui changera le problème car on ne devra prendre le train que quand il y aura du vent. à l’heure où la guerre de l’eau et des gouttes de pétrole fait rage, où les taux d’audience des émissions de CO2 dépassent de loin celles de la RTS, il faut se faire une raison, l’humanité a jeté son dévolu sur l’IA et le matérialisme goguenard. Fi des salsifis et du seconde main pourtant en pleine croissance, le bipède moderne à l’obsolescence programmée montre plus d’intérêt au problème de refroidissement d’un Data Center et de sa consommation énergétique qu’à la disparition des abeilles et du sort des migrants en croisière sur leur yacht dernier cri.
C’est la marque de fabrique de l’omo sapiens qui vogue au gré des vents sur l’océan de ses rêves les plus absolus : acheter une éolienne qui fonctionne au mazout sur Amazon, des jeans troués du Bengladesh et des pilules bio pour faire fondre leur graisse abdominale. Victimes des jeux de la peur, les petits électeurs pensent qu’il est mieux d’avoir que d’être, oubliant que ce qu’ils ont n’est qu’une illusion qui appartient aux obèses de la finance. Qu’à cela ne tienne, les prochaines initiatives pour une énergie nucléaire durable et respectueuse de l’environnement seront acceptées à 69,4 % pour continuer de dormir bien douillettement avec sa tablette qui téléchargera les larmes de Laeticia Halliday et de sa résidence secondaire partie en flammes au pays du rêve.
