La tragédie du Kivu ou la malédiction des ressources !
Immuablement, l’histoire se répète. Tragique, sanguinaire et prévisible. Voilà que la guerre est de retour à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Dans une indifférence sidérante, l’horreur se déchaîne en écho au silence assourdissant de la communauté internationale. Enfants soldats tués sur le front, enlèvements, viols collectifs, villageois décapités dans la moiteur des collines verdoyantes de cette province en proie à des affrontements depuis trente ans. Dans la nuit du 26 au 27 janvier, des prisonniers ont tenté de s’échapper en mettant le feu à leur cellule. La tragédie a tué 181 personnes. Essentiellement des femmes. Alors que la Croix-Rouge tente d’identifier les corps calcinés, un témoin raconte l’innommable. «Les mamans étaient dans les cellules avec leurs bébés dans les bras… et elles sont mortes là-bas, brûlées vives.» Trois mille civils ont perdu la vie. Quatre cent mille personnes ont été déplacées. Menaçant la stabilité de la région des Grands Lacs, ce conflit trouve son origine dans la résurgence du génocide qui a dévasté le Rwanda en 1994. Un million de réfugiés hutus avaient alors fui par peur de représailles. Le Rwanda s’est affirmé depuis lors comme une puissance régionale redoutable. Soutenant activement les milices du groupe M23, Kigali est accusé par son voisin congolais d’exactions et de vouloir faire main basse sur les richesses inouïes des sous-sols de cette terre de feu et de sang. Malédiction des ressources et paradoxes de l’abondance. Constat emblématique de cette Afrique si riche et si pauvre, spoliée pour ses métaux rares. Comme le précieux coltan, si indispensable à nos téléphones portables. Le cobalt, l’or et les diamants. Les métaux précieux et les minéraux de sang convoités par des mercenaires sans foi ni loi et par des réseaux occultes.
