C’est fait, depuis le 1er mars, la régionale Pauline Bessire a repris les rênes du festival de la Plage des Six-Pompes. Choisie pour sa parfaite acclimatation à l’équipe organisatrice, cette plagiste n’est pas une inconnue de l’association AGORA, faîtière du festival.
La petite Pauline a très vite baigné dans l’ambiance du festival. « Mes parents faisaient du théâtre et fréquentaient le festival. J’avais 5 ans et j’adorais filer m’asseoir au premier rang des spectateurs », se souvient celle qui habitait à deux pas des Marronniers. L’ancrage justement, une valeur sur laquelle la nouvelle directrice veut travailler pour encore mieux attirer les visiteurs des Montagnes.
Cinq mois avant l’événement d’août, alors que les préparatifs vont bon train et que les méninges phosphorent déjà sur 2026 et Capitale culturelle suisse 2027, Le Ô a rencontré la nouvelle responsable.
– Comment devient-on Madame la directrice ?
– Le fait d’avoir grandi proche du festival, d’avoir des parents engagés dans le milieu du théâtre et de la culture, je suis tombée dans la marmite toute petite. Mon rapport avec les Six- Pompes est profond et s’inscrit dans la durée, d’abord comme spectatrice, puis comme jeune bénévole, et enfin comme salariée au sein de la coordination. J’ai fait mes gammes avant d’être promue directrice.
– Vous étiez faite pour le job ?
– La culture n’a pas toujours été mon objectif. De par mes études, je me suis d’abord tournée vers la géopolitique, écoutant avec avidité les chroniques de Bernard Guetta sur France Inter. Et puis finalement la culture et cette énergie du « faire ensemble » m’a rattrapée. Après l’uni, j’avais besoin de sortir des auditoires et de « faire », j’ai donc cherché les opportunités qui pouvaient me permettre de mettre les mains dans le cambouis.
– Et alors ?
– Pour mieux comprendre le fonctionnement de la Plage, mon festival de cœur, j’ai approché le comité de l’association Agora et y suis entrée en 2018. En parallèle, le passage au NIFFF a été un déclic et j’ai dès lors su que je voulais travailler dans l’événementiel. J’ai ensuite assisté à l’achat de l’immeuble du Pantin par l’association Agora avant de prendre la responsabilité du chantier de rénovation qui s’est étalé sur 2 ans et demi. Me frotter au milieu de la construction m’a forgé le caractère et m’a donnée confiance pour prendre des décisions.
– Professionnellement, quel est votre meilleur souvenir ?
– Il y en a tant ! Parmi eux, le premier jour de l’édition 2024, à la fin des discours officiels, on venait de vivre un grand moment, notamment en présence de la conseillère fédérale en charge de la culture. Se rendre compte d’un coup qu’on y était, que tout se passait comme prévu, qu’il y avait du monde sur les scènes, aux bars, c’était presque irréel après les événements de l’été 2023. Un moment de délivrance partagé avec mes collègues dans un grand câlin collectif.
– Vous avez déclaré vouloir stabiliser le festival, ça bougeait trop ?
– Depuis 2019, nous avons sauté d’une situation extraordinaire à l’autre. On n’a fait que réinventer le festival. Cette année, notre souhait est d’enfin avoir le temps de travailler sur les détails en se basant sur l’expérience 2024. Cette prochaine édition aura donc un visage très similaire à la précédente.
– Sept salariés et jusqu’à 490 bénévoles pour assurer le succès de l’événement. Vous ambitionnez de reprendre la direction de Paléo ou des Eurockéennes ?
– Ni l’un ni l’autre, car à leur échelle, ces événements ont les mêmes contraintes que la Plage des Six-Pompes. Un jour viendra peut-être où je viserai une occupation s’inscrivant davantage dans une durabilité plus stable que celle bien éphémère d’un festival.
– Vous avez grandi dans le théâtre, pourquoi ne pas être sur les planches ?
– Parce que j’ai le trac (rire) et que j’aime les coulisses ! Mais au final, cette nouvelle fonction au sein de la Plage me pousse sur le devant de la scène, donc j’ai déjà les deux pieds dessus.
– À 28 ans, vous chapeautez une organisation à risques pour un maigre salaire, pourquoi ?
– Le salaire ne fait pas tout. Le travail d’équipe, la reconnaissance, c’est valorisant au même titre que d’être la première directrice de la Plage. En plus je crois aux opportunités et au bonheur qui vient avec… Tout vient à temps !
– Vous logez artistes et bénévoles. Après le retrait de surfaces à La Meute, La Sombaille et à Bikini, affrontez-vous une crise du logement ?
– Oui une crise du logement collectif, un constat assez triste. Consciente que chacun doit s’en sortir, je ne cache pas ma stupéfaction d’avoir reçu des augmentations de 40 % sur le prix de certains hébergements. On travaille sur des solutions mais je confirme que c’est le sujet compliqué de l’édition 2025.