Qui ne tombe pas sous le charme touchant des saisons qui basculent dans un immuable refrain vers les beaux jours, reléguant en flaques remplies de têtards, les taches de neige rebelles. Tantôt une mésange, tantôt un couple de bergeronnettes s’activent pour accueillir leur nichée ou encore un tracteur bucolique qui déverse aux champs ses lisiers en écoutant Joe Dassin.
« C’est quand même bien fait la nature. Les petits veaux naissent en même temps que les morilles », me disait pas plus tard qu’hier, un vieux chasseur-cueilleur qui comme 66 % de la population avait préféré glisser une morille dans sa besace plutôt qu’un bulletin dans l’urne. On les voit gambader dans l’herbe tendre, insouciants, s’amouracher d’une abeille butinant son premier tussilage, ouvrant aux senteurs printanières ses naseaux humides, les oreilles fraîchement ornées de boucles d’oreilles numérotées à téter fougueusement les mamelles pleines du lait chaud de leur mère qui se réjouit déjà que leur vorace rejeton découvre que l’herbe est plus verte dans le champ du voisin.
Belles saisons qui passent avec leurs lots de surprises. Cette année, les jonquilles ont laissé la place aux roses de printemps toutes étonnées d’éclore avant les grandes gentianes. Les roses élues par leurs fonctionnaires, la gentiane damée par ses pions, le mulot n’ayant pas pu creuser l’écart sur la bourgeonnante fée qui fut verte de joie à l’idée de faire partie de cette plate-bande. Ce joli bouquet floral n’aura pas besoin de second tour pour échapper au sécateur. Rien de bien nouveau sous le soleil en attendant les dents-de-lion qui ont un peu plus de mordant.
Mais revenons à nos moutons : filet mignon de veau aux morilles pour 4 personnes, dans une prochaine édition. Le principal concerné broute encore son herbe tendre.