Un après-midi durant, Muzoo a sensibilisé petits et grands à la contrebande des espèces animales menacées. Les plus jeunes ont démantelé un trafic international avec l’aide du Ô et les plus vieux ont assisté à une conférence de Bruno Mainini, un expert suisse en la matière.
Cet après-midi du mois de mars, le parc zoologique Muzoo plonge les jeunes dans la peau de détectives démantelant un trafic international. « Alors, prêts à mener l’enquête ? », demande l’animateur, Liam Moret. « OUIIIII », répondent les enfants en chœur. C’est parti ! Une valise est alors posée devant eux. Première question : quel est l’objet suspect ? Après avoir fouillé de fond en comble cette valise remplie de chaussettes, pulls et autres slips, une bouteille d’oxygène apparaît.
Les déplacements des trafiquants traqués à la loupe
Elle est reliée à un sac plastique rempli d’eau dans lequel de petits poissons nagent tranquillement (pour l’expérience, les poissons sont évidemment en plastique). L’employé de Muzoo tend une fiche, il s’agit de jeunes anguilles d’Europe. Leur nom scientifique est Abguilla Anguilla. Ce dernier est important car les « enquêteurs » en herbe peuvent ouvrir une boîte grâce à un calcul impliquant les lettres de l’alphabet du genre et du nom de l’espèce. Une fois le code trouvé et tapé, les Sherlock miniatures découvrent une fiche indiquant qui a pêché les anguilles, qui les a transportées et qui les a revendues. Ensuite, ils tracent les déplacements des trafiquants et de la marchandise à l’aide de punaises et de ficelles.
Est-ce qu’on peut ramener un coquillage de vacances ?
Une affaire rondement menée ! Vient ensuite le temps des questions. « Pourquoi on ne peut pas se servir comme on veut des animaux dans la nature ? », interroge Liam Moret. « Parce que si on prend tous les animaux après il y en a plus, ils disparaissent pour toujours… », répond un des enfants. Un autre bambin renchérit : « On peut ramener un coquillage de vacances quand même ? » L’employé de Muzoo relance avec une nouvelle question : « Qu’est ce qu’on doit faire pour ramener un coquillage ? » « Faire attention… », réagit du tac au tac un écolier. Il est vite corrigé par ses camarades : « Nan, il faut demander si on a le droit. » Si cette activité connaît un franc succès auprès des écoliers, c’est qu’elle est très réaliste. Pour preuve : « Les objets retrouvés dans les valises ont réellement été confisqués par le CITES (convention basée sur un accord international qui a pour but de préserver la faune et la flore en assurant une exploitation durable) », explique Aurélie Comte, employée de Muzoo. Bruno Mainini, un représentant du CITES, était de passage mercredi passé au Muzoo pour donner une conférence sur les espèces menacées. Interview.
En quoi consiste votre métier ?
Nous devons vérifier que les marchandises qui quittent le pays ou qui entrent en Suisse possèdent les autorisations nécessaires si elles contiennent des espèces menacées. Nous avons des clients qui connaissent les règles comme l’industrie horlogère. Ils savent qu’ils ont besoin d’autorisations. Il y a aussi les contrôles douaniers avec les gardes-frontières. Ils font des contrôles s’il y a des événements spécifiques comme une bourse des reptiles. Nous sommes sollicités s’il y a une perquisition chez un privé, parfois à 4 h ou 5 h du matin. Les collègues de l’unité anti-fraude ont les moyens techniques pour analyser les médias électroniques mais cela reste limité.
Est-ce qu’il y a des souvenirs de vacances qui pourraient être soumis à des autorisations ?
Oui, on peut trouver des coraux à la plage aux Caraïbes ou aux Maldives par exemple. Tous les coraux sont soumis à des autorisations. Si on se promène dans la nature au Brésil et qu’on trouve des jolies plumes, il faut savoir que si elles appartiennent aux perroquets ou à un autre rapace figurant dans les annexes de CITES, il faut des autorisations.
Où finissent les marchandises qui ont été saisies à la frontière ?
Alors, si possible, on les retourne dans leur pays d’origine. Quand nous n’arrivons pas à déterminer l’origine, on les confisque en essayant de les utiliser d’une bonne manière. Par exemple, nous sommes en train de réaliser une exposition dans un musée de la douane au Tessin. On donne des objets confisqués pour exposer. Un autre exemple, si un écolier fait une présentation sur le léopard. Il peut venir chez nous et chercher la peau d’un léopard.