Il y a parfois des déclinaisons sportives auxquelles on ne s’attend pas. Puisqu’on parle « sport », je prends le pari que vous ne sauriez pas me dire, là, maintenant, de quelle discipline les matches d’improvisation artistique sont issus. Une idée ? Du hockey sur glace… Si vous ne connaissez pas encore cet univers, la compagnie One Shot Impro vous donne rendez-vous le 11 avril, au Zap Théâtre (20 h), pour un duel au sommet !
Alors soyons clair, vous n’allez pas voir du hockey sur glace mais bel et bien des improvisations théâtrales. Mais tous les codes sont tirés du hockey sur glace ! Pourquoi ? Car les matches d’impro ont été inventés au Québec dans les années 1970. Et le Québec n’est autre que le berceau de ce sport. Il n’en fallait pas plus pour que l’un s’inspire de l’autre. « Ainsi, deux équipes de quatre s’affrontent dans des improvisations et l’arbitre – que je suis – porte un maillot rayé, comme sur la glace », rapporte Julien Gillet.
Le « speaker » aux petits soins avec le public
Ce qu’il faut bien comprendre ici, c’est qu’il y a tout un décorum et un show qui entourent les improvisations. « Un maître de cérémonie joue le rôle de speaker. Il est très important dans le dispositif car il prend soin d’expliquer ce que le public va voir. » Un exemple peut-être ? « Si les équipes doivent se concurrencer sur une improvisation à la façon film de gangsters, il donne les références de ce genre de film au public pour qu’il puisse ensuite juger qui a été meilleur que l’autre. » Car oui, les spectateurs ont aussi un rôle à jouer dans l’équation. Ils ne sont pas le « 6e homme », comme au hockey, ils portent plutôt le costume de juge.
Les spectateurs ont un rôle à jouer
Quinze improvisations seront proposées au cours de la soirée et à la fin de chacune d’entre elles, le public votera pour l’équipe qui l’a le plus convaincu. Là encore, il faut en mettre plein la vue. C’est donc avec des pancartes de différentes couleurs qu’il exprime son choix. En parlant des spectateurs, à qui s’adresse ce type de spectacle ? « Pour le moment, nous avons beaucoup de 20 à 30 ans dans la salle mais c’est quelque chose qui peut plaire à tous ceux qui prennent du plaisir à voir des histoires se créer sous leurs yeux », pose Julien Gillet.
Entraînement deux à trois fois par semaine
Cet art ne jouit pas encore d’une popularité comparable à celle du hockey sur glace, loin de là. Ni même du théâtre. « On ne remplace pas 2500 ans d’histoire, comme le théâtre. Les matches d’improvisation sont encore tout jeunes et ils se jouent souvent dans des caveaux de bar. » Depuis trois ans, One Shot Impro investit régulièrement L’Entourloop ou l’Amuse-Bar pour faire vivre son art. Le 11 avril, c’est la première fois qu’elle le fera dans une salle de spectacle. « Investir un lieu noble comme celui du Zap Théâtre est positif pour l’image de l’improvisation. Certains pensent que c’est facile car nous n’avons pas de textes à apprendre mais c’est un travail artistique à part entière. Il y a des formations à La Chaux-de-Fonds et à Neuchâtel et on s’entraîne deux à trois fois par semaine. » Savoir renvoyer le puck au bond est au moins aussi difficile que de savoir le manier…