Xavier Voirol est sur le point de terminer l’exposition nyonnaise autour de Aether (grec « air pur »), son dernier ouvrage. Un finissage aura lieu le samedi 29 mars (17 h) avec une conférence-rencontre de Michel Poivert, l’auteur des textes du livre. Nulle crainte si vous ne partez pas en terres vaudoises, des contacts avec la Suisse alémanique amèneront peut-être la prochaine exposition du projet.
Aether, c’est quoi ?
L’ouvrage (www.xaviervoirol.ch/ouvrages) traite de la plongée dans un microcosme de 3,5 km2 dans une combe près du Chasseral. Un travail sur 5 ans, qui a construit un discours autour de ce lieu clos. Le photographe nous éclaire sur ce dernier projet mais aussi sa carrière au sens plus large. à la base, le photographe ne partait pas avec l’intention de travailler autour du Chasseral. C’est plutôt une partie de ce lieu qui s’est imposée à force de rencontres. Un attrait pour la matérialité d’un lieu clos où la diversité est telle qu’il ne cherche pas plus loin.
« Je ne suis pas un porte-parole mais un interprète »
En créant, l’artiste se pose en spectateur mais aussi en consommateur en allant voir le travail « d’un autre » pour être chamboulé et interpellé par ce qu’il voit. Il en rigole : « Si je sors d’un musée avec un encéphalogramme plat, c’est que j’ai perdu mon temps. » En grand timide, le jeune photographe est alors poussé à sortir de sa zone de confort pour interpeller les inconnus. Il nous confie : « La première fois que j’ai arrêté quelqu’un pour faire une photo de lui, j’en tremblais. » Depuis, il a pris en expérience : « On ne joue pas avec les gens. Quand on les photographie il est crucial de ne pas oublier qu’il y a des sensibilités des deux côtés. Je ne suis pas leur porte-parole mais plutôt un interprète. »
1991 : l’Élysée lui achète une dizaine de clichés
Grâce à ses débuts remplis de travaux personnels, un dossier conséquent est vite formé. Il lui permet d’obtenir une première résidence parisienne. C’est à la Cité des arts qu’il part juste après la fin de son apprentissage. Il était d’ailleurs censé y passer 6 mois mais il préférera s’y établir pour 3 ans pleins. Même après l’avoir quittée, il y reviendra souvent. L’Élysée lui a acheté un travail conséquent de plusieurs dizaines de clichés en 1991. Quelques années après, il part pour New York pendant 6 mois (vraiment 6 mois cette fois…) Puis, entre 1997 et 1998, il vit une importante remise en question sur son travail. Il nous raconte : « Une fois sur place, j’ai eu un blocage. Je rentrais à mon appartement avec 2 rouleaux alors qu’il y avait 40 000 clichés que j’aurais pu prendre. »
Une décennie plus tard, paré à corriger le tir
En 2006, il part pour Berlin. Il y est arrivé avec une nouvelle rigueur pour s’éviter le syndrome de la page blanche subi précédemment. C’est dans la capitale allemande qu’a commencé un intérêt photographique pour la mer Baltique, endroit où il se rend régulièrement depuis maintenant 10 ans. C’est là aussi que se sont formées les thématiques autour de l’identité des lieux et des microcosmes – des sujets phares dans Aether. En 2020, Xavier Voirol retourne encore une fois à Paris. Là, il aura l’occasion de mettre un point final à ce qu’il avait commencé lors de sa première résidence dans cette même ville, 30 ans plus tôt. Il rapporte : « Être dans ces mêmes lieux m’a poussé à la réflexion mais aussi à relancer des projets. Toutes les résidences ont été pour moi des électrochocs. » Des éloctrochocs et de l’Aether, avec ça, il n’est pas prêt de s’endormir sur ses lauriers…