Il rêve d’offrir un « oscar muséal » à MUZOO

Par Kevin Vaucher

Xavier Huther se définit lui-même comme un homme de l’ombre. C’est surtout un homme d’action qui œuvre pour la ville de La Chaux-de-Fonds depuis 2010. Non content d’avoir dirigé le sauvetage du musée d’histoire naturelle, un temps menacé, le directeur de MUZOO et ses équipes en ont fait le musée le plus fréquenté du canton en 2023. MUZOO fait aussi partie de la quarantaine de finalistes 2025 de l’EMYA (European Museum of the Year Award), l’équivalent des Oscars dans le monde muséal.

Xavier Huther est un homme qui ne triche pas ! Cela paraît banal de le dire ainsi, mais c’est une qualité devenue rare dans la société. Ce qu’il aime, c’est mener à bien des projets en restant hors de la lumière. Il accepte rarement de quitter les coulisses comme il le fait aujourd’hui, pour Le Ô. Depuis 2017, il est à la tête des institutions zoologiques de La Chaux-de-Fonds. Son rapport aux animaux ? « Rien de particulier », répond-il en toute franchise depuis son bureau qui surplombe une partie du parc de MUZOO.

Ses animaux, ses rencontres, sa ville
Il précise : « Je tiens évidemment à leur bien-être et mon rôle est avant tout de donner les moyens adéquats aux personnes qui en prennent soin. Voilà comment je peux les aider indirectement. » Lui, c’est plutôt les gens qui le passionnent. Il adore les rencontrer, les écouter ou tout simplement leur glisser quelques mots au détour d’une rue ou d’un couloir. Il n’aime rien plus fort que les gens. Ah si, sa ville peut-être (et par ricochet ses habitants). « Tout ce que je fais, c’est pour la faire rayonner et lui apporter la reconnaissance qu’elle mérite. »

Une intervention salvatrice pour le musée d’histoire naturelle
Cet attachement, il a notamment eu l’occasion de le prouver il y a une petite dizaine d’années lorsque le sort du musée d’histoire naturelle s’assombrissait. Certains parlaient même de possible « extinction ». C’est là qu’il est alors intervenu. « Lors du retrait du projet zoo-musée, jugé trop couteux, j’ai élaboré une nouvelle proposition modeste mais ambitieuse avec mon équipe. » MUZOO pointait le bout de son nez quelques années plus tard, en 2022 avec le succès qu’on lui connaît. En 2023, c’était le musée le plus fréquenté du canton, selon les chiffres de Tourisme neuchâtelois. Cette reconnaissance prend même des allures internationales aujourd’hui.

Une reconnaissance internationale
Comme une quarantaine d’autres institutions dans le monde, dont le musée national de la Marine de Paris, il figure sur la liste des 42 nominés pour l’European Museum of the Year Award 2025. « C’est déjà un honneur énorme de figurer sur cette liste alors je n’ose même pas imaginer si on recevait le prix de ce qui s’apparente à des Oscars muséaux », évoque Xavier Huther. Il sera remis en Pologne à la fin du mois de mai. En parlant d’avenir, MUZOO ne manque pas de visées futures avec l’enrichissement de l’offre de médiation scientifique et l’exposition de référence du musée à faire évoluer au quotidien par exemple (Plan B, sur la biodiversité et les menaces qui l’entourent).

Un « Lynxoduc » va être créé en 2026
Au niveau du parc, de belles perspectives se dessinent également : « L’enclos des ours va être démoli pour rendre cet espace aux cerfs. La même proportion de surface va être reprise au nord afin d’agrandir le lieu de vie des lynx en 2026. Une passerelle, que j’appelle personnellement un lynxoduc, sera notamment aménagée. » Il sera ainsi possible d’observer l’animal sous toutes ses coutures. Et plutôt deux fois qu’une puisque MUZOO entend faire son entrée dans le programme de reproduction de cette espèce. Avec tout cela, l’Oscar est attribué à… (à vous de compléter).

Informations : muzoo.ch

Un prix vieux de bientôt 50 ans

L’EMYA est un prix décerné chaque année à un musée européen qui a ouvert ses portes, s’est modernisé significativement ou s’est étendu au cours des deux dernières années. Créé en 1977, il est attribué par le forum européen des musées sous l’égide du Conseil de l’Europe. Le musée d’ethnographie de Genève (2017) et le musée olympique de Lausanne (1995) l’ont notamment reçu par le passé.

Un prix vieux de bientôt 50 ans

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