« Une petite fourmi. Modeste et sans prétention. » Voilà comment se définit aujourd’hui Olivier D. Barrelet, devenu sculpteur sur bois par la force des choses de la vie. L’homme ? Un écorché vif ! Son passé ? Une énigme non résolue ! D’abord ingénieur-conférencier aux états-Unis, l’homme a tout quitté du jour au lendemain pour se mettre à la poursuite de son âme. Aujourd’hui encore, il tente de lui mettre la main dessus à gros coups de burin et de gouge.
Avant toute chose, il convient de dire qu’Olivier D. Barrelet est un homme heureux à l’humour malicieux mais toujours pour le moins tourmenté. Malgré une vie familiale autrefois compliquée et l’éloignement de ses enfants (qui habitent à l’étranger), il a retrouvé une certaine stabilité émotionnelle dans son nid de Môtiers. à ses côtés, il peut compter sur son amie Dorothée. « Que serais-je sans elle », se demande-t-il invariablement.
« Plus j’avance, plus je réalise que je ne suis rien »
S’il semble si vulnérable du haut de ses 87 printemps, c’est que l’homme a laissé la place à l’artiste. « Et un artiste est par nature constamment à la merci de ses émotions et de ses doutes. Cela fait 30 ans que je sculpte mais je me sens toujours autant méprisé, oublié et piétiné. Je me sens comme rejeté d’un monde dans lequel j’avais pourtant su me faire une place. Mais plus j’avance, plus je réalise que je ne suis rien, disait Socrate. » Alors qu’était-il avant ?
L’ingénieur cartésien devient artiste tourmenté
Zurichois d’origine, Barrelet a connu une brillante carrière d’ingénieur. « Je donnais des conférences à travers le monde et j’ai habité plusieurs années aux états-Unis. J’étais quelqu’un de très cartésien. Maintenant, je suis à l’opposé total de ce que j’ai été : un petit artiste perdu dans le Val-de-Travers comme une petite fourmi isolée dans un monde trop grand pour elle. » Que lui est-il donc arrivé entre ces deux « états de vie » ? Rupture amoureuse, envie de repartir d’une page blanche et d’emprunter un autre chemin pour mieux oublier le personnage qu’il était devenu ? Probablement un peu de tout ça. « J’ai fait beaucoup d’erreurs dans ma vie et j’ai connu de nombreux passages à vide », se contente-t-il d’expliquer en gardant une part de mystère.
Du confort des 5 étoiles à la dureté de la rue !
Avant de connaître les Montagnes neuchâteloises et de trouver Môtiers pour point de chute, l’homme a crapahuté sur les montagnes… russes, allant jusqu’à devenir SDF, lui qui dormait dans des hôtels 5 étoiles dans sa « vie d’avant ». La quête intérieure, voilà ce qui l’a sans doute sauvé ! « Sculpter me permet de m’approcher de mon âme et je suis chaque jour surpris de ce que je découvre sur moi-même. C’est comme si, à chaque coup dans le bois, je retirais une couche de ma peau pour arriver gentiment vers l’apogée de cette introspection. Vous savez, il faut beaucoup de courage pour se regarder droit dans les yeux et découvrir qui on est vraiment. »
Sculpter pour s’approcher de son âme
Il poursuit : « La plupart des gens exercent un métier qui ne leur plaît pas ou pour lequel ils ne sont pas faits. Je suis moi aussi passé par là mais j’ai eu la force de briser ce cadre qui ne me convenait plus. Lorsque je taille dans le bois, je m’offre une nouvelle vie. » Son travail consiste à trouver des bois en forêt pour leur redonner une âme et leur offrir une sorte de renaissance, dans un autre foyer et dans un autre environnement. Voilà qui résonne étrangement avec le parcours d’Olivier D. Barrelet. Et si nous avions finalement résolu l’énigme du brillant cartésien devenu une « fourmi oubliée » ?
