Et si un Africain succédait au pape François ?
La disparition de Jorge Mario Bergoglio, le pape des opprimés et des périphéries, lègue un héritage immense. Jusqu’à son dernier souffle, il aura été l’avocat obstiné et lucide d’une humanité en souffrance, épousant tous les tumultes de son époque. Le péril climatique, l’accroissement des inégalités et des conflits dans le monde. Apôtre d’un refus catégorique d’une hiérarchisation des victimes et d’un pacifisme forcené, le pape François avait jeté un pavé dans la mare diplomatique invitant l’Ukraine à lever le drapeau blanc pour mettre fin à la tragédie qui dévaste le cœur du continent européen. Le porte-voix d’une vision géopolitique à contre-courant des certitudes les plus établies. Son pontificat a marqué l’affirmation d’un Sud global en rupture avec l’Occident. Le relais et l’affirmation de voix discordantes sur la scène mondiale. Et si sa disparition ouvrait la voie à un pape africain ? Cette perspective agite les hautes sphères du Vatican et plusieurs « papabiles » s’affirment comme de solides candidats à la succession de François l’Argentin. Figure respectée du dialogue interreligieux, le Guinéen Robert Sarah s’impose comme l’un des favoris du conclave. D’autres noms circulent avec insistance. Fridolin Ambongo, le charismatique archevêque de Kinshasa ou encore le Ghanéen Peter Turkson, réputé pour son engagement social. La presse africaine s’est aussitôt fait l’écho de cette perspective, mettant en garde contre la tentation de nommer un pape réactionnaire et conservateur. Rappelant également que le continent européen voit ses églises se vider alors que l’Afrique, qui ne comptait qu’un million de catholiques au début du XXe siècle, en dénombre aujourd’hui 265 millions. Cette succession compliquée soulève un immense espoir dans un continent qui aspire à une théologie de combat, politique et engagée. Dans la droite ligne de celle engagé par François, le pape venu du bout du monde.