Le Val-de-Travers : c’est loin, c’est perdu et c’est mort ! Oui oui, et si on vous suit, on y roule aussi à la vapeur non ? Ah oui, ça c’est vrai en fait ! Depuis 40 ans, le Vapeur Val-de-Travers (VVT) s’évertue à faire rayonner les romanesques balades en train à travers les gorges de l’Areuse et sur la ligne belvédère des Verrières. Grâce à ses dizaines de bénévoles, l’association restaure aussi des locomotives avec comme visées finales la sauvegarde et la promotion du patrimoine ferroviaire à vapeur.
De même qu’émergent parfois les plus beaux paysages et les meilleures idées du brouillard, il jaillit toujours un magnifique convoi des fumées du Vapeur Val-de-Travers. La première composition a été lancée en 1985 grâce à la ténacité et à l’acharnement de quelques « gueules cramées » de la vapeur. Lors de l’hiver 1984/1985, une délégation s’est ainsi rendue en Autriche pour conclure l’achat de 4 « voitures » entièrement rénovées avant d’être mises en circulation dès le mois de mai.
Un monstre de 150 tonnes
Une Tigerli 8522 a été rapatriée de Berne au Vallon pour assurer la traction des 2 premières années d’existence de l’association. Année après année, le VVT s’est fait une spécialité de réparer d’anciennes locomotives à vapeur dans son fameux dépôt de Saint-Sulpice. Les bénévoles ne font pas dans le détail comme ce jour de 1992 où « un monstre » de 150 tonnes intègre la collection. « Beaucoup de personnes émettaient des doutes sur sa remise en état », évoque le vice-président Pablo Hoya. « Pourtant, les membres du VVT n’ont pas baissé les bras et se sont lancés à corps perdu dans sa restauration. » Il aura fallu un peu de patience mais elle fut finalement remise en chauffe 15 ans plus tard !
Une locomotive dans le film Monsieur Batignole
D’autres locomotives ont connu un destin davantage dans la lumière. La E3/3 16 388 Krauss Maffei a été la première protégée du VVT à apparaître au cinéma, dans le film Monsieur Batignole. Le tournage a eu lieu en juin 2001 en gare de Morteau. Tout ce travail nécessite inévitablement du financement, parfois très conséquent. Les dons de particuliers et de fondations comme la Loterie romande constituent largement les plus grandes sources de recettes du VVT. En 2024, les donateurs ont permis de fournir 500 000 des 601 000 francs de recettes de l’association. Dans le même temps, les dépenses se sont montées à quelques 587 000 francs. De quoi laisser 14 000 francs de bénéfice malgré une saison ultra-raccourcie en raison des travaux conséquents entrepris actuellement sur le réseau ferroviaire entre Travers et Fleurier.
Quand les Zombies et les sorcières occupent la voie !
Car oui, le VVT est essentiellement connu du grand public à travers ses promenades qui offrent toujours un cadre dépaysant. Comme ce 28 octobre 2023, lorsque plusieurs signalements ont défrayé la chronique au Val-de-Travers. Un corps démembré aurait été retrouvé non loin du dépôt du VVT. Ce jour-là, j’étais justement sur les lieux. Il régnait comme une ambiance de chaos. Sur les rails, une locomotive hurlait à la mort et crachait de la vapeur dans tous les sens. Dans la fumée, on apercevait des zombies, des sorcières à l’allure inquiétante et des clowns qui n’avaient rien de bien rigolo. Mais que se passait-t-il exactement à Saint-Sulpice ?
Près de 6500 voyageurs transportés en 2023
Une rapide enquête m’avait permis d’éclaircir ce malentendu : c’était le train spécial Halloween du VVT avec 200 passagers à bord. Le soir même, un train fondue avait véhiculé une autre centaine de voyageurs au fil de l’Areuse. « Un wagon-cuisine entièrement équipé permet de proposer ces escapades ferroviaires gourmandes. » Cuisson vapeur… évidemment ! Toujours en 2023, les balades du VVT ont chargé près de 6500 personnes à bord. Un chiffre en constante évolution depuis la fin des mesures Covid. En parlant de cuisine, on peut dire que Pablo Hoya est au four et au moulin. Le responsable exploitation et infrastructure est aussi l’un des conducteurs de locomotive. Souvent aux côtés de Florian et Oleg, il prend place entre 1,7 tonnes de charbon crasseux et la chaudière qui atteint aisément les 1600 degrés. Et vous savez quoi ? Il adore ça, lui qui vit dans la fumée depuis qu’il a 10 ans. Attention, c’est chaud !
Programme complet sur : vvt.ch
