De l’ingérence politique sur le continent européen
Troublantes incursions américaines à Berlin et à Bucarest. Alors que les services de renseignement allemands s’alarment des dangers de l’extrême droite pour l’ordre démocratique du pays, évoquant en filigrane son interdiction, a minima sa mise sous surveillance, l’administration Trump vole immédiatement à la rescousse d’Alternative für Deutschland (AfD), deuxième force politique du pays, en embuscade pour conquérir une chancellerie, tout juste investie par un Friedrich Merz impopulaire avant même d’avoir pris les rênes du pouvoir. Marco Rubio, le secrétaire d’état américain, dégaine le premier, appelant l’Allemagne à revenir sur sa décision qu’il qualifie de « tyrannie » déguisée. J.D. Vance, le vice-président américain, s’immisce sans complexe dans les affaires politiques allemandes. « L’AfD est le parti le plus populaire d’Allemagne, et de loin le plus représentatif de l’Allemagne de l’Est. Aujourd’hui, les bureaucrates tentent de le détruire », commente-t-il sur les réseaux sociaux. « L’Occident a abattu le mur de Berlin. Il a été reconstruit, non pas par les Soviétiques ou les Russes, mais par l’establishment allemand. » Troublante relecture de l’histoire par celui qui avait déjà choqué les dirigeants européens lors d’un discours à Munich, en février dernier, considérant que la principale menace pour l’Europe venait de l’intérieur, de son establishment et de ses élites politiques, appelant à faire sauter les « cordons sanitaires » érigés contre l’extrême droite. Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump s’immisce dans la politique allemande. Elon Musk, le mauvais génie du président Trump, avait massivement soutenu la campagne électorale de l’AfD. Moscou et ses « usines à mensonges » ne semble plus avoir l’apanage de toutes les ingérences sur territoire européen. La Roumanie risque de porter l’extrême droite au pouvoir avec un autre candidat très proche de Washington. Comme si l’Europe, paralysée par un contexte terrifiant, se retrouvait inféodée aux influences des nouveaux empires.