Pacifiste et non-violent convaincu, Ziad Medoukh est professeur de français à l’université. Il habite à Gaza ville, lieu qu’il a toujours refusé de quitter. Une fois par mois, il parle de la vie à Gaza mais aussi d’espoir et d’avenir.
Depuis 2 mois, la bande de Gaza est complètement fermée, blocus total, la situation est dramatique pour 2 400 000 Palestiniens de Gaza. La situation s’aggrave pour les 500 000 déplacé·e·s.
La famine s’installe à Gaza, les médicaments disparaissent
Les quelques denrées alimentaires que l’on trouve encore sont très chères. Un kg de sucre coûte 40 Euros. Les fruits, les légumes, la viandes et les poissons sont introuvables sur le marché. à ces problèmes alimentaires s’ajoute la pénurie en médicaments. On ne trouve plus rien. Pour se faire soigner, il faut essayer d’aller dans les pharmacies mais il n’y a presque plus rien non plus, ou alors ce sont des médicaments périmés et hors de prix. Avant l’élection de Donald Trump, le président Joe Biden exhortait le gouvernement israélien à laisser entrer quelques camions.
La population palestinienne se sent abandonnée par le reste du monde
De même, il y a eu un pont sur la mer de Gaza, installé pour 3 semaines par les Américains et 250 camions ont pu entrer. On a aussi bénéficié du largage de colis d’aide humanitaire par les hélicoptères jordaniens et américains. Ce n’était pas pratique mais c’était de l’aide, notamment dans le Sud où s’étaient réfugiées 1 000 000 de personnes. Auparavant, on se sentait un peu appuyés par la pression internationale, aujourd’hui rien, plus personne ne bouge. Plus aucune condamnation. La famine s’est installée, 57 personnes dont 30 enfants, nouveau-nés ou petits de moins de 9 ans, sont morts dans des hôpitaux par manque de nourriture et de médicaments. La population civile s’adapte. On ne mange qu’un repas modeste, pâtes, riz, boîtes de conserve par jour.
Nuit et jour, les drones survolent la ville, contrôlent, espionnent
Depuis le 18 mars, les drones ne quittent pas le ciel de Gaza. Le bruit qu’ils font empêche la population civile, les enfants, les malades de dormir. C’est terrible et ça ajoute encore à la difficulté de la situation. Normalement, selon l’accord de cessez-le-feu, les drones ne peuvent pas voler longtemps mais, une fois de plus, Israël ne respecte pas les accords. Le bruit constant des drones est insupportable. Certes, il y a aussi quotidiennement les bruits que provoquent les bombardements mais ceux-ci durent 3-4 minutes. Les drones, eux, volent 24 h sur 24.
83 % des maisons ont été détruites partiellement ou totalement
Sur les 2 4000 000 Palestiniens à Gaza, 1 300 000 n’ont plus de maison. Certains dorment dans ou devant les ruines de leur maison. Ils essaient de faire quelques réparations partielles – parce qu’ils savent que les bombardements vont reprendre – en couvrant de carton les portes et les fenêtres détruites afin de gagner un peu d’intimité. Parfois, 60-70 habitants logent dans le même immeuble. Moi je vis avec mes proches dans un immeuble, avec 46 autres habitants. Comme on est nombreux, la situation est terrible : il y a une seule toilette, une seule cuisine. On n’a ni matelas, ni lit, ni draps, on dort par terre et on partage la couverture quand il fait froid.