Qu’arriverait-il si, du jour au lendemain, plus aucun médias n’existaient ? Si les télés s’éteignaient, si les radios se taisaient et si les journaux affichaient page blanche. Qu’arriverait-il ? Bien sûr, les sites d’informations et leurs tentacules, se déployant sur les différents réseaux sociaux, disparaitraient également. Que resterait-il de la liberté d’expression, que resterait-il de la diversité des opinions et que resterait-il de la diffusion des informations ? Par quel vecteur les autorités, les commerçants et les organisateurs d’événements toucheraient-ils la population, leurs électeurs ou leurs clients ? Et puis, qu’est-ce qui créerait le débat, sur quoi la population exprimerait son approbation ou ses critiques et comment vérifierait elle la fiabilité de ce qu’on lui dit ?
Cela fait beaucoup de questions en même temps, c’est vrai ! Mais c’est, en substance, ce qui peut être sorti de rencontre annuelle entre le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds et les médias, qui a eu lieu ce 14 mai du côté de la Maison Blanche. Le constat de départ est assez limpide : les journalistes et les personnalités politiques oeuvrent dans la communication et s’offrent, de fait, à la critique populaire. Un second constat est aussi vite vu : il est facile de critiquer un tel pour son action politique ou un tel média pour un reportage qui ne développerait pas une opinion qui plairait à certains. Il est même arrivé que des politiciens et des médias entretiennent eux-mêmes des relations détestables. « Pourtant, chacun participe à sa façon au débat démocratique », évoque le président de la Ville Thierry Brechbühler.
Des tensions passées oubliées
Au fur et à mesure de cette rencontre plus informelle qu’à l’accoutumé, les principaux acteurs des médias ont pu entrer dans un dialogue franc, direct et transparent avec les autorités. « Le Conseil communal est à l’écoute des besoins de toute la population, y compris des médias où la vie régionale s’exprime généralement sereinement. Aujourd’hui, La Chaux-de-Fonds porte de beaux projets rassembleurs, ce qui aide à la cohésion », a analysé Théo Hugenin-Elie. Son « comparse de banc » à l’exécutif Théo Bernard est allé dans le même sens : « Nous avons parfois eu des divergences car on a eu l’impression que la ville n’était pas traitée comme les autres dans les médias mais c’est réglé maintenant. Vous n’envenimez pas inutilement les sujets tout en osant ouvrir le débat et poser les questions qui doivent l’être. »
« L’image de La Chaux-de-Fonds s’améliore aussi grâce à vous »
Le désamour des médias d’une partie de la population – qui sait se faire entendre – a également été évoqué . Souvent, c’est le manque supposé de diversité des voix médiatiques qui a été avancé pour expliquer cette méfiance. « Ce phénomène a incontestablement pris de l’ampleur lors des années Covid où des gens ont eu la mauvaise impression qu’on leur cachait quelque chose », évoque un responsable médiatique de la région. En fait, c’est probablement le fait que personne ne savait vraiment comment expliquer ce qu’il se passait, qui croire et où se situait le juste milieu, neutre et objectif, qui a laissé croire cela. Les médias forment un quatrième pouvoir, c’est une réalité. Ils ont la position et l’impact nécessaires pour placer sur le devant de la scène les thèmes et les sujets qu’ils choisissent ou que l’actualité choisit pour eux. « L’image de La Chaux-de-Fonds s’améliore aussi grâce à vous », reconnaissait ainsi Ilinka Guyot.
Des médias indispensables, même pour ceux qui les critiquent !
Contrairement à ce que pensent certains « critiques de médias », aucun sujet n’est volontairement laissé de côté. Mieux, c’est souvent la population elle-même qui crée la demande grâce à la boussole du « besoin d’information ». Après des événements d’envergure, souvent spectaculaires, l’alarme de la boussole sonne et le besoin d’information est grand : « Au journal du soir de la RTS, notre meilleure audience 2023 a été réalisée au moment de la tempête à La Chaux-de-Fonds », a révélé un membre du média romand. Tout ceci nous a mené vers une question d’apparence bête mais finalement au combien révélatrice : que ferait-on sans médias ? Et il est vite devenu évident pour tout le monde que chacun avait besoin de relais public ! Même ceux qui sont sévères vis à vis des médias utilisent ses vecteurs pour communiquer et utilisent ses contenus pour appuyer leurs argumentaires sur certains sujets.
« S’il n’y avait plus de médias, ce serait une forme de déstructuration de la société »
Pour le conseiller communal Jean-Daniel Jeanneret, « S’il n’y avait plus de médias, ce serait une forme de déstructuration de la société. C’est important aussi pour assurer le lien et soigner la proximité. Les petites entreprises, comme le boucher du coin, ont besoin de support régional pour exister et pour entrer en dialogue avec leur clientèle régionale. » Le désert médiatique serait la porte ouverte aux fake news qui ont toujours existé mais dont le phénomène est aujourd’hui largement amplifié par les réseaux sociaux. Comme le faisait remarquer une participante à cette journée : « La Chaux-de-Fonds est normalement à l’abri des trolls russes de désinformation même si on possède notre Maison Blanche… » Et pour ceux qui pensent peut-être que cette journée médiatico-politique était une façon de nous acheter, sachez que les journalistes et rédacteurs/rédactrices en chef ont reçu comme présent un simple… sachet de graines de fleurs. Peut-être pour ne pas envoyer les autorités sur les roses ?
Sachez en tout cas que Le Ô continuera avec plaisir à planter les graines de l’information positive, locale et objective – sans être influencé – pour pousser autant loin que possible la voix du haut !