« La SDN est morte, vive l’ONU »
Destinée à anéantir le programme nucléaire iranien, l’opération militaire engagée par Washington s’est décidée sans l’aval du Conseil de sécurité de l’ONU. Du jamais vu depuis la première guerre du Golfe et l’invasion américaine en Irak. Donald Trump, le pacificateur, a fini par céder aux injonctions de son allié israélien, affichant sans détour la chute du régime iranien comme l’objectif ultime de cette campagne militaire : « Make Iran Great Again ». Cette séquence plonge la communauté internationale dans l’incertitude et la sidération. La peur d’un nouvel embrasement du Moyen-Orient, mais aussi la prise de conscience de l’impuissance manifeste de l’Organisation des Nations unies à marquer son autorité et son influence dans le tumulte de la géopolitique mondiale. Ses appels à la négociation et à la désescalade sont restés lettre morte. En coulisse, des diplomates de la Genève internationale n’occultent plus le scénario d’une disparition de l’ONU, dans le registre « La SDN est morte, vive l’ONU ». Née en 1919 lors du Traité de Versailles, l’ancêtre de l’actuelle ONU avait pour ambition de maintenir la paix. L’utopie pacifique s’est muée en échec. Impuissante à empêcher l’agression japonaise en Chine (1933), l’invasion de l’Ethiopie par l’Italie (1935) et la montée en puissance de l’Allemagne nazie, la SDN a disparu avec l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale. Le président de la défunte organisation avait alors déclaré : « Nous n’ignorons pas que nous avons souvent manqué de courage moral, que souvent nous avons hésité quand il eût fallu agir, que nous avons parfois agi quand il eût été sage d’hésiter. » Pacifiste désabusé, Albert Einstein suggéra quant à lui d’inscrire sur le fronton du palais Wilson de Genève : « Je soutiens les forts et je réduis les faibles au silence sans effusion de sang. »