Yannick Zaugg a 42 ans. C’est le patron du bar sportif chaux-de-fonnier La Mort subite. Son établissement propose à l’année 5 écrans pour diffuser les différents événements sportifs du moment. Ce qui marche le mieux ? « Les matches du HCC, les championnats du monde de hockey et le foot bien sûr. Surtout certains championnats et les grands événements », dévoile-t-il. Ça tombe bien, l’Euro féminin se tient du 2 au 27 juillet en Suisse. Et si les médias ont massivement joué le jeu, rares sont les « fan zones » à avoir fleuri en Suisse romande. Lui a fait le pari d’y croire ! Rencontre-t-il le succès espéré ? On fait le bilan !
« Vous savez, si l’Euro n’avait pas eu lieu en Suisse, je ne suis pas sûr que j’aurais autant misé sur cet événement », commence par reconnaître franchement Yannick Zaugg. Le fait de pouvoir bénéficier d’une grande tente à prix d’ami l’a aussi un peu aidé à faire le pas. « Mais une fois que j’ai décidé que je mettais en place un dispositif spécial pour suivre les matches, j’y suis allé à fond », dit celui qui a fait appel à un traiteur pour servir des « plateaux-repas » à ses hôtes en terrasse.
«Je n’ai pas vu de maillots portugais, espagnols et italiens»
« Je l’ai quand même prévenu que je ne savais pas si l’affluence serait au rendez-vous pour pas qu’il soit surpris si ça ne marchait pas. Tout le monde pensait que le foot féminin allait attirer beaucoup moins de monde que les hommes. Ce n’est pas pour rien si je suis sûrement le seul à avoir créé une fan zone dans le canton. » Alors au final, bonne ou mauvaise pioche ? « Le bilan est plutôt positif ! Lorsque l’équipe de Suisse jouait, les gens se déplaçaient spécialement pour venir voir les rencontres. Par contre, les autres nations n’ont pas attiré les foules. Je n’ai pas vu de maillots portugais, espagnols et italiens, comme c’est le cas lors des compétitions masculines par exemple. »
« Un sportif de canapé » devenu patron !
Sa terrasse de 8 mètres sur 25 est pourtant spécialement accueillante. « Depuis que j’ai ouvert La Mort subite en 2019, je réalise 2 fois plus de chiffre d’affaires en été qu’en hiver. Cet atout est l’une des raisons pour lesquelles j’ai relevé ce défi de bar sportif. J’avais découvert ce concept aux états-Unis et je me suis demandé pourquoi cela n’existait pas en Suisse, dans une ville de presque 40 000 habitants. » Cet ancien hockeyeur se définit lui-même comme « un sportif de canapé » et il adorait regarder le ski à la télé durant sa jeunesse. Quelques années plus tard, c’est en qualité de patron d’établissement qu’il propose à ses clients de suivre ces mêmes courses de ski durant l’hiver. « Rassurez-vous, il y a aussi du hockey pendant cette période hein », tient-il immédiatement à ajuster…
L’élimination du HCC : un manque à gagner pour le bar sportif !
En parlant de canne et de puck, c’est probablement l’un des supporters chaux-de-fonniers qui a été le plus déçu de l’élimination du HCC. « D’abord parce que j’aime ce club et ensuite parce que cela s’est ressenti sur mon chiffre d’affaires. Le club avait pris l’habitude d’aller jusqu’en finale ces 2 dernières années et ça m’allait plutôt bien », sourit-il malicieusement. On l’aura compris, ce n’est pas cet Euro féminin qui lui a permis de se refaire même s’il lui a apporté un léger rebond dans la caisse par rapport à d’habitude.
Ce petit quelque chose « d’accessible » dans le foot féminin
Autre effet positif indirect de cet Euro à domicile : Yannick Zaugg a pris le temps d’aller voir un match de l’équipe de Suisse au stade ! « J’y étais contre la Finlande avec ce dénouement incroyable (ndlr : la qualification pour les quarts de finale). Ce qui est plutôt drôle, c’est que je ne suis jamais allé voir une partie de l’équipe nationale masculine. Comme quoi, le foot féminin a quelque chose de plus accessible pour les fans de sport lambda, comme moi. » Alors que la finale se disputera sans la Suisse, ce dimanche (18 h), Yannick Zaugg se prépare déjà à renfiler son maillot de travail lors d’un autre match décisif : celui du méga rendez-vous chaux-de-fonnier de la Braderie ! Et là encore, La Mort subite a un atout de taille : « Je ne fais pas officiellement partie du périmètre de la fête mais ma grande terrasse est évidemment ouverte. Elle est d’ailleurs très appréciée car elle se situe loin du bruit et sans obligation de cashless. J’ai tous les avantages sans les inconvénients », botte-t-il avec habileté !