Coup de foudre pour cette édition qui a marché du tonnerre

Par Lieven Humbert

La Plage des Six Pompes se terminait dimanche passé avec, une fois de plus, une édition réussie. Difficile de savoir de quelle édition il s’agissait cependant, probablement la 29e sur 32 ans d’existence mais les organisateurs ne préfèrent pas s’avancer… Manu Moser, le programmateur du festival, a tout de même plein de certitudes quant à cet événement et il nous les partage alors qu’il sort à peine du lit.

– Manu Moser, plus de 10 000 spectateurs par jour malgré la canicule, cela vous amène à quelle réaction ?
– C’est tellement cool de voir autant de personnes débouler ! C’est possible parce qu’on a une chiée de places grâce aux 3 lieux qu’on occupe. C’est rassurant aussi de voir qu’après 32 ans les gens viennent encore. Quand ils viennent en masse, c’est comme si on avait fait une bonne note à l’école, on nous met une gommette en forme de cœur dans notre carnet. Tant mieux, d’ailleurs, que le public est de la partie… sans eux, on serait morts.

– Comment bichonner tout ce monde ? Est-ce qu’il est temps d’augmenter les moyens d’accueil ?
– Il faut agrandir, c’est sûr ! Pendant 3 heures par jour, il n’y a soudainement plus assez de places par endroits. Pour les heures de pointe, il y a clairement un problème. La place du Gaz nous manque terriblement, c’est comme si on avait perdu notre doudou. Ne plus avoir cet espace vide pour accueillir 4000 personnes c’est un luxe qu’on a perdu. Entre les terrasses et les nouveaux aménagements en place du Marché, on y perd aussi. Les lieux du centre manquent de place et les propriétaires des immeubles ne nous laissent pas décaler leurs bâtiments, juste le temps du festival…

– Une cinquantaine de compagnies pour 140 représentations, un record ?
– Cette année n’était pas une édition record, les plus impressionnantes ont eu lieu avant le Covid. En 2018, il y a eu une septantaine de compagnies. D’ailleurs, entre 2018 et 2019, il y a eu des Québécois et aussi des Néo-Calédoniens qui sont venus de très loin pour nous. Mine de rien, avec une cinquantaine de compagnies pour cette édition 2025, on pèse lourd dans le game. On a des concurrents à l’international, mais à l’échelle francophone on est immense. On a la chance de ne pas être dans cette course de l’armement musical que subissent les festivals. On est très gros mais on reste accessibles.

– Des spectacles engagés et des sujets sensibles, qu’est-ce qui vous a le plus touché ?
– Il y a eu énormément de spectacles que j’ai adoré cette année. Je suis un grand fan des projets en déambulation et j’ai eu un coup de cœur pour Le Pédé, c’est un reportage théâtralisé qui traite des droits LGBTQIA+, c’est passionnant de voir l’histoire d’une lutte des XXe et XXIe siècle. J’ai aussi adoré le massacre de l’Iliade par la Cie Bravache, c’était à pleurer. Ce dimanche, ils ont dû faire une vingtaine de minutes supplémentaires tellement les gens riaient.

– Festival en libre accès, mais pas gratuit ! Est-ce que cette formule fonctionne ?
– Oui, chaque année on réexiste, c’est une preuve que ça marche ! Le bruit court, entre les compagnies et dans le milieu, que le chapeau fonctionne bien chez nous. Des artistes de partout dans le monde qui acceptent de venir, c’est bien une preuve qu’à La Plage des Six Pompes, les chapeaux sont bons.

– En tant que programmateur, quel a été votre coup de cœur absolu ?
– Inertie par les Français d’Underclouds Cie ! Le coup de cœur que j’ai eu c’est d’avoir observé le public dans un silence complet, un silence chargé – on entendait les mouches voler. C’est sublime, le public était hyper ému en regardant un projet qui, sur le papier, est simplissime. Ça a fini en standing ovation avec des gens débordés d’émotion.

– Est-ce que vous avez un mot de la fin ?
– J’ai envie de remercier les gens qui bossent pour l’événement ! La magnifique équipe de coordination qui travaille à l’année, les fadas de bénévoles qui s’acharnent comme des fous furieux – je ne sais même pas pourquoi ils acceptent tout ce qu’on leur demande de faire, merci aux plus fous furieux d’entre eux et le comité de l’association qui bosse pendant 12 mois pour gérer tellement de choses. En bref, toutes ces personnes qui mouillent la chemise avec plaisir pour nous.

La Plage des Six Pompes, 32e édition, fut un franc succès !

Rendez-vous du 3 au 8 août 2026 pour la 33e édition. www.laplage.ch

Le Pédé qui déambule. (Photo Brigitte Ramseyer)
Inertie en pleine action. (Photo Thalie Rossetti)
Inertie en pleine action. (Photo Thalie Rossetti)

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