La trajectoire hors-norme d’une Chaux-de-Fonnière vice-championne du monde

Par Kevin Vaucher

Melissa Breda da Silva a 23 ans, un vécu déjà énorme dans la danse, des récompenses plein les placards et un futur dans la lumière qui ne demande qu’à se concrétiser. Récemment devenue vice-championne du monde en catégorie contemporain, la Chaux-de-Fonnière doit cependant apprendre encore une chose : oser être visible et oser se lancer. Pas évident pour cette grande introvertie qui bénéficie pourtant d’opportunités à New York et en Allemagne.

La vie est parfois joueuse et malicieuse. Certaines personnes ont beau avoir une route tracée et tous les atouts pour réussir à aller au bout mais elles n’y vont pas. Par crainte et peut-être aussi par manque de confiance en elles. Melissa Breda da Silva entre dans cette catégorie. « Le constat est juste ! Mon prochain but est par exemple d’enseigner la danse ici ou à l’étranger et de pouvoir en vivre. Mais je n’ai pas encore osé me lancer », acquiesce-t-elle.

Besoin de compétition et de création
« Peut-être que j’ai besoin de faire encore des stages internationaux pour enrichir mon bagage technique », poursuit celle qui a déjà un Bachelor en droit en poche. « Mais je suis encore en études à la HEP de Lausanne, dans l’enseignement, et il faut aussi que je gère ça. » Alors que faire ? « De toute façon, je n’arrive pas à me passer de la danse, qui finit toujours par être plus forte que tout le reste. » La jeune femme a bien essayé de partir à Barcelone pour ne faire que danser mais cela n’a pas fonctionné non plus. « Il me manquait le côté compétition et le côté créatif que j’adore. Je suis donc revenue prématurément après seulement 6 mois en Catalogne. »

Dix heures de danse par semaine à 10 ans
La compétition est une composante qui est entrée très vite dans sa vie d’artiste. Dès 3 ans, elle a commencé à faire ses premiers pas… de danse ! Mais elle s’est rendu compte qu’elle progressait moins vite que ses copines. « Ma prof m’a dit que j’étais naturellement douée mais qu’il fallait que je m’entraîne davantage, comme mes copines. J’ai donc arrêté mes autres activités comme le solfège pour me concentrer sur cette discipline. La directrice de Sun Star Danse Béatrice Antille a toujours cru en moi et m’a poussée à m’accrocher. » à partir de 10 à 12 ans, Melissa s’entraînait déjà 10 heures par semaine. Ça fait beaucoup, non ? « Je ne trouvais pas que c’était trop car la danse représente énormément pour moi. C’est ma façon de m’exprimer, c’est un défouloir et c’est ma manière de transmettre des émotions. »

Des doutes, une petite pause et… c’est reparti !
En harmonie avec son choix, les bons résultats n’ont pas tardé à arriver. Quasiment toujours sur les podiums des championnats suisses, elle a notamment été sacrée vice-championne nationale à 12 ans. Aujourd’hui, les récompenses continuent de tomber sur elle, comme autant de reconnaissances de son talent et de son travail. « Après mon expérience à Barcelone, j’avais quelques doutes sur moi et sur ce que j’étais encore capable de faire. Mais une école de danse de Lausanne avait besoin de quelqu’un en urgence pour participer aux championnats européens en fin d’année 2024 en Slovénie et j’ai accepté de m’y remettre. »

Des voyages et un titre de vice-championne du monde
Excellente idée : après des résultats en groupe « moyens » aux européens, la danseuse du Haut a repris sa marche en avant en solo. « Mon prof m’a repérée et m’a proposé de créer 2 chorégraphies avec lui. On les a présentées à différentes compétitions nationales de mars à juin derniers. » Bilan non-exhaustif : 4 titres de championne de Suisse. Ensuite, elle s’est envolée pour la Pologne puis pour Burgos, se métamorphosant alors en vice-championne du monde en catégorie solo. Et puis ? Et puis direction l’Angleterre, sans même revenir en Suisse. « Grâce à ma nomination au prix helvétique Artist of the Globe », j’ai eu droit à 2 jours de cours avec un chorégraphe reconnu.»

Contrainte de refuser des bourses à New York et en Allemagne
Ses nouvelles prestations ont été remarquées et elle s’est vu proposer une bourse à New York avec 50 % des frais scolaires gratuits la première année ainsi qu’une bourse en Allemagne (frais scolaire offerts pour une année). « Cela aurait été cool de pouvoir accepter mais je ne peux pas encore me le permettre financièrement. Je dois encore me loger, manger et tout ça. Je pense donc que je vais devoir refuser ces deux bourses. » La jeune femme continuera donc très vraisemblablement ses études ainsi que les cours de danse qu’elle donne plusieurs fois par semaine. Et comme il ne faut rien regretter dans la vie, peut-être que ces occasions manquées serviront de déclic pour que la vice-championne du monde ose enfin croire en elle et en ses rêves ? On lui souhaite vraiment d’entrer dans la danse car elle en a le talent, c’est certain !

 

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