Où va le monde

Par Olivier Kohler

Tribulations suisses à Washington

C’est devenu le feuilleton politique de l’été. La baffe infligée à la Suisse par l’administration américaine et les 39 % de droits de douane provoquent de grandes inquiétudes pour l’économie suisse et pour notre canton en particulier, deuxième force exportatrice du pays. Au-delà du constat, violent et implacable, beaucoup d’observateurs font part de leur sidération quant à l’impréparation et l’excès de confiance avec laquelle ce dossier a été abordé. à commencer par le calendrier. Pourquoi avoir attendu les dernières heures du 31 juillet, date butoir de l’annonce des tarifs douaniers américains, pour engager un contact direct avec Donald Trump ? Un cauchemar diplomatique de 28 minutes… où les plus proches conseillers du président américains ont même conseillé à leurs homologues suisses – par messagerie électronique interposée – de ne pas prolonger l’appel, au risque d’aggraver encore la situation. Alors que les négociateurs suisses entretenaient l’optimisme, certains même d’obtenir un taux de 10 % bien meilleur que celui obtenu par l’Union européenne, rien ne s’est finalement passé comme prévu. Cet épisode douloureux et singulier souligne les faiblesses d’une diplomatie suisse déboussolée et peut-être une forme de suffisance et d’illusion. Avec un Conseil fédéral capable de naviguer par beau temps, dans la quiétude lisse et enchanteresse des lacs suisses, mais pas nécessairement armé et instrumenté pour faire face aux tumultes du monde et à un environnement international devenu incertain et très dégradé. Le 27 septembre 2018, jour de sa démission, Doris Leuthard livrait un testament politique qui prend aujourd’hui des accents prophétiques. « Être isolé, c’est dangereux. Notre pays est devenu plus fragile. L’environnement international a une influence sur les intérêts et les positions de la Suisse. Nous avons l’impression de tout contrôler, de tout influencer. Mais c’est une illusion. »

 

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