Résidente, elle expose ses œuvres à 81 ans !

Par Kevin Vaucher

Il n’y a pas d’âge pour vivre et faire ce qu’on aime ! Cette phrase a priori bateau flotte véritablement sur l’âge d’or de Vérène Monnier Bonjour. Cette artiste dans l’âme est entrée au home de La Résidence au mois de janvier. Si l’arthrose s’est invitée dans ses articulations, elle n’a en rien figé sa passion pour la peinture et le modelage. Sa famille et ses amis lui ont alors fait la surprise d’organiser une ultime exposition avec plusieurs dizaines de ses œuvres aux murs de la rue de la Côte 24 ainsi que ceux des Billodes 40, au Locle.

« Vous savez, je pense bien que je ne referai plus jamais d’exposition vu mon âge. J’essaie de me réconforter en me disant que les œuvres des artistes ont toujours mieux vécu une fois que leurs créateurs étaient morts », glisse Vérène Monnier Bonjour dans un sourire plein de malice. L’octogénaire est reconnaissante de pouvoir vivre une dernière mise à nu artistique, elle qui a déjà exposé une trentaine de fois dont 3 à Paris. « Maintenant que je suis au home, pouvoir exposer me procure un sentiment très spécial et extraordinaire. Quand je sors de l’ascenseur et que je tombe sur ce tableau (elle le pointe du doigt), c’est une émotion tellement forte pour moi… »

Une grande première pour La Résidence
Vérène est d’autant plus émue qu’elle se décrit comme étant « en pause artistique ». Sa mobilité s’est considérablement réduite et elle s’appuie sur des cannes pour marcher. « Nous organisons assez régulièrement des expositions et c’est la première fois que l’artiste en question fait partie de nos résidentes », sourit Jessica du home de La Résidence. Car oui, c’est bel et bien directement sur le nouveau lieu de vie de Vérène que cette ultime expo est à découvrir jusqu’au 22 août. « On constate un intérêt certain pour ses créations et un bon nombre ont déjà trouvé preneurs. » Et les « colocataires » de l’artiste, comment réagissent-ils ? « Ils apprécient et aiment bien se poser devant de temps en temps. Avoir l’artiste en question parmi eux leur fait aussi plaisir. »

Participation à des concours de poèmes
Comme cela me fait aussi plaisir, j’en profite et j’essaie d’en savoir davantage sur cette passion qui la suit depuis « très tôt ». Est-ce un héritage familial ? « Non, j’ai perdu mes parents assez jeunes. C’est peut-être d’ailleurs pour ça que j’ai commencé à peindre et à m’exprimer à travers l’art. » Dès 1974, Vérène a suivi des cours de dessin, de peinture, de modelage et de sculpture à l’école d’Arts de La Chaux-de-Fonds. à l’aise avec le pinceau, elle a également manié la plume, participant à différents concours de poèmes en Suisse et à l’étranger. Elle a même sorti un recueil intitulé Sables mouvants (1986) où elle laisse apparaître une sensibilité à fleur de peau.

Ancienne gardienne du musée paysan
Plus jeune, l’octogénaire a bénéficié de l’affection fidèle de sa tante qui a toujours veillé sur elle. Une fois mariée (à La Chaux-de-Fonds) et maman de deux enfants (Gladys et Marylène), elle laissa souvent parler sa fibre pédagogique comme directrice des crèches Portescap et Beau-temps notamment. Elle a également été gardienne du musée paysan et artisanal où elle adorait mener les visites en Schwitzerdüsch, appris grâce à sa lignée maternelle. En parallèle, elle fut employée de cuisine au home de L’Escale, également dans le haut du canton. Elle proposait – déjà – des ateliers d’art-thérapie aux résidents de l’établissement. Des années plus tard, la voilà à son tour dans « la dernière demeure des vivants » et ses talents artistiques continuent à adoucir le crépuscule de la vie de ses semblables. Sous l’éclat tendre d’une vie lointaine se glisse un souffle où la joie est reine. Dans son regard, la lumière se promène, éclairant l’ombre et adoucissant les peines. Ainsi se chante ton nom, Vérène…

 

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