Comment ce vieux fusil loclois a-t-il traversé l’Atlantique ?

Par Kevin Vaucher

C’est une véritable enquête populaire qui a été lancée le 9 août dernier via un appel sur Facebook dans le groupe T’es du Locle si… Preuve à l’appui, un Canadien de Winnipeg demandait des informations sur un vieux fusil de l’armée suisse ayant possi­blement appartenu au Loclois Charles-André Cosandey (décédé en 2009). Comment ce fusil a-t-il bien pu traverser l’Atlantique ? On cherche des réponses avec son frère Rémy Cosandey !

« Cette histoire est captivante à tous points de vue. Je me demande vraiment comment le fusil de mon frère Charles-André a pu atterrir à Winnipeg », s’amuse Rémy Cosandey. Il faut dire que tous les ingrédients d’une bonne enquête sont réunis et que cela a de quoi titiller l’ancien journaliste, aujourd’hui rédacteur en chef du « petit journal humaniste Essor ». D’après l’appel lancé par le Canadien Rémi Stockwell, le fusil qu’il a acheté daterait de 1947 et serait de création helvétique, plus précisément de la fabrique fédérale d’armes de Berne. Il s’agit d’un Schmidt-Rubin K31 (Karabiner Modell 1931).

Des inscriptions précieuses pour remonter la piste
Les premiers éléments de notre enquête révèlent que ce fusil se distingue par son système à culasse mobile, développée par le colonel Rudolf Schmidt. Ce principe de modèle à culasse a vécu ses beaux jours entre 1889 et 1957. Sur Internet, un internaute précise « qu’il a accompagné des générations de miliciens suisses. Chaque arme portait une plaque nominative, rappelant qu’elle était liée à un « citoyen soldat » spécifique. » C’est justement cette étiquette d’identification que l’acquéreur canadien a retrouvée. On peut y lire les inscriptions suivantes : Charles A. Cosandey, Malpierres 4, Le Locle. Cp. Fus II/19. Cela fait tilt à Rémy Cosandey qui se souvient que son fusilier de frère faisait partie de la 2e compagnie du bataillon 19 au sein de l’armée suisse. « Je crois même savoir qu’il a passé son école de recrue à Colombier. »

Une adresse qui finit par parler
Et l’arme, se souvient-il à quoi elle ressemblait ? « Absolument pas. Je ne suis pas un grand partisan de la chose militaire. D’ailleurs, mon parcours se résume à 11 jours en caserne. Des crises d’asthme ont poussé mes supérieurs à m’en mettre dehors. Ils me jugeaient plus utile en tant que comptable à la protection civile. Et ils avaient raison », plaisante l’homme de 80 ans. « Et puis, j’étais 6 ans plus jeune que mon frère Charles-André qui est né en 1939. Nous étions une famille de 7 enfants et nous sommes encore 3 aujourd’hui. Charles-André est décédé en 2009. «Ce n’est pas lui qui va nous aider à résoudre l’énigme du fusil », taquine Rémy. L’adresse mentionnée sur l’étiquette retrouvée sur l’arme s’est avérée plus parlante…

Implication des importateurs nord-américains ?
« Malpierres 4 était l’adresse de mes parents. Mon frère est allé à l’armée assez jeune, vers 19 ans. Et il a quitté le domicile familial au moment de son mariage, 3 ans plus tard. Ça colle ! Il faut croire que ce fusil lui a bien appartenu. » Reste à savoir comment il s’est retrouvé à Winnipeg. Un internaute ose une explication intéressante : « Lorsque les armes ont été retirés du service, notamment dans les années 1980 / 1990, une grande partie a été écoulée comme surplus militaire. Certaines se sont retrouvées dans des armureries spécialisées pendant que d’autres ont traversé les frontières grâce à des importateurs nord-américains. Le Canada, avec sa tradition de tir sportif et son intérêt marqué pour les armes de collection, devint l’une des destinations privilégiées. » Comme l’humain a ses racines ancrées en lui, le Schmidt-Rubin K31 a aussi les siennes, écrites sur la fameuse étiquette d’identification. Le dicton a décidément vu juste : les armes finissent toujours par parler !

 

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