De son accouchement à ses premiers pas, son directeur Anthony Picard raconte Le Ô !

Depuis 3 ans et demi maintenant, nous avons plaisir à dévoiler les petites et les grandes histoires du Haut, les grands dossiers et les petites actualités de quartier mais aussi les portraits des petits comme des grands qui font vibrer le cœur de nos Montagnes au quotidien. Vous jouez superbement et de plus en plus le jeu et nous vous remercions de votre confiance. Aujourd’hui, c’est à nous de vous rendre la pareille et vous livrant l’un de nos moments les plus intimes : notre venue au monde !

C’est de la tête du directeur et éditeur Anthony Picard que nous sommes nés. C’est donc naturellement vers lui que l’on se tourne pour évoquer avec vous ce moment si particulier de la naissance. La naissance du Ô passe donc déjà par une autre naissance : celle de « Mister Picard » qui en avait marre d’être au frais et qui a pointé le bout de son nez il y a une soixantaine d’années dans le Val-de-Travers.

L’idée de base : de l’information gratuite tout en apportant de la valeur ajoutée
« Avant d’être un citoyen du monde, je suis d’abord un Neuchâtelois. Et je me suis rendu compte que chaque coin du canton avait sa presse locale sauf le haut du canton », s’empresse-t-il d’expliquer. Oui, nous sommes déjà passés de 1963 à 2018, au moment du début de la réflexion sur le monde médiatique d’ici. Il faudra vous y faire, ça va toujours très vite avec Picard ! C’est toujours très humain, aussi : « Pour moi, les valeurs démocratiques doivent se transmettre partout et à tout le monde. C’est pour cette raison que je crois fortement à l’information gratuite. Mais une information gratuite qui apporte de la valeur ajoutée comme le propose Le Ô. »

Avec quelle couleur politique : Plutôt de gauche, pas trop de droite…
Le partage culturel et le suivi des grandes idées politiques sont 2 idées initiales du média. Tiens, en parlant de politique, Le Ô se présente sous le bleu et le blanc mais a-t-il aussi une couleur politique ? « Disons que nous collons à l’état d’esprit des Montagnes. » Traduction : plutôt de gauche ? « Ou pas trop de droite… » Cette idée de média du Haut, pour le Haut, a véritablement commencé à prendre vie en début d’année 2020. Mais le petit comité mis en place s’est fait devancer par une « naissance précoce » : celle du Covid ! « Soit on allait être tous morts dans les prochaines semaines soit on allait être plus forts que le virus et notre projet avait encore du sens. Je fais de l’ironie mais il faut se souvenir que l’on avait transformé de nombreuses salles de gym en morgues à cette époque-là ! »

Un quotidien ou un hebdomadaire ? la bourse a parlé !
La bataille avec le virus a duré 2 ans ! « Deux ans de stand-by pour nous. C’était compliqué car il y avait passablement de monde déjà imbriqués dans la boucle. Il y avait de l’impatience et tout le monde n’avait pas forcément les mêmes idées, je me suis donc séparé de ce comité pour y aller au feeling. » Dans l’ombre, un premier grand changement est entrepris : « L’ambition de base était de créer un quotidien », lâche-t-il. Pourquoi être revenu en arrière ? « Mon porte-monnaie m’a ramené à la raison ! Le coût annuel d’un quotidien est de plusieurs millions de francs. Celui d’un hebdomadaire revient à plusieurs centaines de milliers de francs. » Le choix de la raison l’a emporté mais rien n’était encore gagné pour autant.

Le gros imprévu : la ville sort son propre journal en 2021 !
Désormais « seul », Anthony Picard a dû sortir son bâton de pèlerin. « Je me suis rendu chez les autorités de la ville de La Chaux-de-Fonds car l’idée de base était de créer un média pour cette ville uniquement. Cela a évolué par la suite. Le feu semblait être au vert. Mais avec le recul, je me demande si le Conseil communal m’a vraiment pris au sérieux. » Rassuré par cette rencontre sur le moment, l’homme fonce et signe les baux à loyers dans l’enchaînement. Et ? « Patatras ! C’est la douche froide quand la ville annonce qu’elle sort son propre journal en septembre 2021. Ne le cachons pas, je l’avais un peu saumâtre. » Terminé l’idée de journal officiel, il fallait trouver une autre façon d’exister pour sortir de ce tourbillon !

«Si c’était à refaire, je décalerais la date de lancement de la première édition»
Picard doit trouver de nouveaux locaux, des collaborateurs et créer sa propre société – Starmedia ! Tout ça pour aller où ? « J’avançais à vue sur tous les fronts : création du logo, design du journal, recherche de graphiste… bref ! Il a fallu dépenser de l’argent », rigole-t-il. « Il a aussi fallu chercher un rédacteur en chef. Cela a été compliqué car je cherchais quelqu’un qui soit une courroie de transmission entre l’éditeur et les lecteurs. J’ai opté pour une personne d’expérience sans être persuadé de mon choix. Si c’était à refaire, je décalerais la date de lancement de la première édition (ndlr : le 25 février 2025) pour prendre une meilleure décision. »

Premiers pas difficiles (300 000 francs de perte) mais espoir d’équilibre
Mais le choix a été fait et les choses se sont précipitées. Nous voilà maintenant à la conférence de naissance du titre, « devant des journalistes dubitatifs qui pensaient unanimement que lancer un nouveau journal serait très difficile ». Avaient-ils tort ? Pas vraiment ! « On a eu un gros déficit la première année, un autre un peu moins conséquent la deuxième année et encore un peu moins la troisième année. » Au bilan, ce sont quand même 300 000 francs qui ont été investis directement de la poche d’Anthony Picard pour éponger les pertes. Une source financière qui venait de la vente d’une imprimerie qu’il détenait il y a quelques années de cela. « Heureusement, avec la nouvelle équipe et les récentes décisions qui ont été prises, j’ai bon espoir qu’on s’approche de l’équilibre en 2025. »

2025 : un nouveau rédacteur en chef et de nouvelles perspectives
Je vous l’ai dit, avec Picard, ça va toujours très vite… et ça va toujours très loin également ! « Moi, je considère cet argent comme un investissement et non comme une perte. Je suis convaincu que notre information de qualité finira par payer un jour ou l’autre. » Se laisse-t-il un délai pour atteindre cet objectif ? « Au départ, je m’étais donné 3 ans. On a passé cette barre puisque nous avons dépassé les 3,5 ans d’existence. En 2025, deux éléments principaux m’ont convaincu de continuer pour au moins 3 ans supplémentaires. Tout d’abord, l’engagement d’un rédacteur en chef investi et d’excellente qualité. C’est la personne qu’il fallait pour occuper ce poste. Kevin Vaucher est taillé pour ce rôle. Il donne un cap et le rythme à suivre tout en créant une vraie interaction avec la population. »

Une notoriété qui explose et une visibilité qui grandit !
D’autres constats positifs ont appuyé cette décision : « Notre média a gagné et gagne chaque jour de la visibilité. Plusieurs villes nous apportent leur soutien et la dynamique est en place pour la suite. La distribution a été élargie à près de 30 000 exemplaires et la notoriété du Ô suit une courbe vraiment ascendante. Tout est aligné et il nous est plus aisé d’attirer des annonceurs. L’avantage d’un journal hebdomadaire est qu’il sera ouvert plusieurs fois par un lecteur quand le quotidien, lui, est limité à une vue avant d’être jeté généralement. Les entreprises gagnent donc à faire leur pub dans un quotidien comme Le Ô. De plus, je suis persuadé que les quotidiens sont voués à disparaitre dans leur version papier. Tout porte à le croire. »

Du titre régional au média multi-vecteurs qui traite aussi de questions cantonales
Ce constat tranche avec le développement sur lequel semble surfer Le Ô : « De notre côté, nous avons vraiment gagné en qualité en termes rédactionnel. Nos articles étoffés créent de la valeur. On est aussi passé d’un titre uniquement régional à un média multi-vecteurs qui traite de questions cantonales. Nous apportons aussi beaucoup d’infos, que vous ne retrouvez souvent nulle part ailleurs qui plus est. Vous pouvez compter, vous avez au moins 20 informations différentes dans ce numéro. D’ailleurs, les messages de félicitations et de remerciements arrivent nombreux de la part du lectorat. Le meilleur compliment du moment m’a été donné par un abonné du Littoral qui m’a demandé quand allait-on créer un journal d’aussi bonne qualité que Le Ô sur le Littoral. Forcément, ça fait plaisir. » Et ça motive de faire encore mieux ! Pour le Haut et un peu plus loin aussi…

Reportage de Canal Alpha, photos : dr
Reportage de Canal Alpha, photos : dr

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