Où va le monde

Par Olivier Kohler

Pour que cesse la barbarie

L’image marquera l’histoire. Cent mille manifestants au cœur de Madrid, couchant à terre des barrières censées canaliser la foule assistant à l’arrivée de la Vuelta, l’une des plus célèbres épreuves cyclistes au monde. La tragédie de Gaza s’est invitée dimanche sur la Gran Via où les coureurs devaient conclure une course qui a viré au cauchemar. Pas une seule étape n’aura échappé à la vindicte d’activistes propalestiniens. C’est la participation d’une équipe israélienne qui a mis le feu aux poudres. Dans le viseur des manifestants : la formation Israel Premier-Tech. La perspective d’un départ programmé à Barcelone donne déjà des sueurs froides aux organisateurs de la Vuelta. Le soutien de l’Espagne à la cause palestinienne ne date pas d’aujourd’hui. C’est à Madrid, en 1991, que les fameux accords d’Oslo avaient été négociés avec l’ambition de trouver une solution à deux États. L’an dernier, l’Espagne a été l’un des premiers pays européens à reconnaître l’État palestinien. Elle multiplie sa défiance à l’égard de l’État hébreu, décrétant un embargo sur tous ses contrats d’armements, annulant la semaine dernière un contrat de 700 millions d’euros pour l’acquisition de lance-roquettes israéliens. Cette posture divise la société et la classe politique espagnole et provoque l’opprobre d’Israël. Pedro Sanchez, lui, assume. Alors que l’ONU condamne le génocide en cours à Gaza et que l’intervention de Tsahal s’accélère dans l’enclave palestinienne, le Premier ministre espagnol, critique constant et virulent du gouvernement Netanyahou, salue la tribune politique et médiatique exploitée lors de la Vuelta. Il va plus loin encore, appelant à l’ostracisation d’Israël de toutes les compétitions sportives internationales. Pour que la barbarie à l’œuvre à Gaza cesse immédiatement. Pour que le régime d’apartheid, qui n’est pas sans rappeler celui qui a prévalu en Afrique du Sud et qui a été longtemps soutenu au nom de l’anticommunisme, tombe.

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