Vadec est un acteur de la transition énergétique. L’usine d’incinération cherche d’abord à éviter qu’un objet ne devienne un déchet. Elle brûle ce qui ne peut pas être recyclé, c’est la valorisation thermique. En chiffres, 110 000 tonnes de déchets sont incinérés chaque année. Cela alimente le chauffage à distance et permet d’économiser 9 millions de litres de mazout ! Plus de 20 000 tonnes sont recyclées. Pour faire tourner ce cercle vertueux, il faut bien trier ses déchets. « Les Neuchâtelois sont plutôt bons élèves », se réjouit Géraldine Barzé, chargée de communication de Vadec. Pour faire mieux, elle veut tordre le cou à certaines légendes urbaines. Tri des déchets, mode d’emploi !
– Quelle est la première légende urbaine à laquelle vous pensez ?
– C’est de croire que le verre aide à brûler les déchets ! Le verre fond vraiment à 1200 degrés et nos fours chauffent à 850 degrés. Une bouteille de verre ressort du four déformée ou cassée mais c’est un résidu solide qui finira en décharge. Le verre n’a donc rien à faire dans un sac poubelle, d’autant que c’est une matière recyclable à l’infini.
– Le verre c’est la matière qui se recycle le plus ?
– Il y a sans doute un réflexe historique. Avant, les bouteilles de lait étaient en verre, on avait l’habitude de les ramener chez l’agriculteur. Les bouteilles d’eau étaient en verre aussi. Les bouteilles de vin le sont toujours. C’est une matière facile à recycler et à stériliser.
– Pourquoi le verre est-il parfois mélangé et parfois séparé par couleurs ?
– C’est une question d’organisation des communes. La rétrocession qui leur est versée par VetroSwiss est supérieure si le verre est trié par couleurs, mais la logistique coûte plus cher aussi. C’est à chaque commune de faire son choix.
– Faut-il le laver avant de le mettre au container ?
– Non. L’idéal serait de bien le vider et le rincer pour éviter d’attirer les guêpes et limiter les odeurs. Mais il n’est pas nécessaire de laver son pot de confiture, à l’exception du miel pour éviter de transmettre des maladies à nos colonies indigènes.
– Un verre à pied cassé va-t-il au container avec les bouteilles en verre ?
– Non ! Un verre à pied va aux inertes. Il peut contenir d’autres matières, qu’il ne faut pas mélanger avec les bouteilles.
– Pourquoi papier et carton sont mélangés dans les éco-points et séparés en déchetterie ?
– C’est une question de logistique. Un container rempli avec des gros cartons est vite plein de déchets volumineux, alors qu’il est quasi vide ! Mélanger avec du papier permet de combler les espaces. Toutefois, les gros cartons bruns doivent être déposés en déchetterie où ils sont compactés avec un tasseur à rouleau ou une presse. Le mélange papier / carton est trié dans notre installation de Cottendart grâce à un trieur optique composé d’un scanner et de jets d’air comprimé pour séparer les matières en fonction de leur colorimétrie et de leur grammage.
– Jeter du papier dans la poubelle pour que ça brûle mieux, bonne idée ?
– C’est une autre légende urbaine à oublier ! Le papier doit être trié en vue du recyclage. Le seul qui va dans la poubelle, c’est le carton à pizza ou autre carton souillé. Celui-là ne peut pas être recyclé. C’est un déchet !
– Le sac Coop ou Migros, il va où ?
– Avec les cartons ! Les sacs « papier » du commerce sont similaires à du carton. C’est une question de matière et de taille des fibres.
– Et les briques de lait ?
– Tous les cartons imperméabilisés, briques alimentaires ou cartons de lessive vont dans les sacs poubelle taxés ! Pareil pour les photos, le papier cadeau ou les serviettes en papier. Poubelle ! Ils ne sont pas recyclables.
– Pourquoi n’y a-t-il pas de container à PET dans les éco-points ? Ça serait plus simple.
– Les bouteilles en PET sont prises en charge par PET Recycling et non par les communes.
Une reprise en éco-point serait plus simple pour les habitants mais ces containers n’étant pas surveillés, on y trouve d’autres déchets qui doivent être triés manuellement par les employés communaux.
– Le plastique est le parent pauvre de la récupération. à quand une amélioration ?
– Les flacons plastique sont triés et recyclés depuis 2016 dans le canton de Neuchâtel, pionnier en la matière. Ils peuvent être déposés gratuitement dans les commerces alimentaires et les déchetteries. Les autres emballages plastique comme les barquettes alimentaires vont aujourd’hui à la poubelle. Une révision de l’ordonnance fédérale devrait permettre la mise en place d’une filière de récupération pour tous les emballages plastique, vraisemblablement à travers un sac prépayé.
– Les batteries, c’est le fléau des usines d’incinération ?
– Oui, c’est un fléau pour toute la chaîne logistique : containers, camions de collecte, installations de tri… En moyenne, on déplore un départ de feu toutes les 2 semaines sur nos sites. Les batteries lithium-ion se nichent partout, dans les chaussures clignotantes des enfants ou les cartes d’anniversaire chantantes, à chaque fois qu’il y a une lumière, un bruit ou un mouvement. Les ordonnances fédérales fixent une taxe anticipée sur toute batterie vendue et imposent aux points de vente de les reprendre gratuitement s’ils en vendent de semblables, même si le client n’achète rien. Pareil pour les cigarettes électroniques.
– Le canton de Genève a voté un crédit de 20 millions pour se doter de détecteurs et d’extincteurs de feu. Et Neuchâtel ?
– À Cottendart, des moyens de détection et d’extinction sont déjà en place dans l’espace couvert où sont déchiquetés les encombrants. à La Chaux-de-Fonds, cet espace est à ciel ouvert, nous recherchons le système le plus adapté, sans doute des canons à eau. Malgré toutes les précautions prises, il y a un risque réel que les assurances refusent de couvrir notre domaine d’activité dans le futur. Pour Vadec, les primes ont doublé en 2024.
– Jeter des déchets alimentaires dans la poubelle pour faire baisser la température… votre avis ?
– Rien à faire dans les poubelles. Les biodéchets doivent être triés pour être compostés ou méthanisés, à l’exception de la viande, du poisson et des litières pour chats. Et surtout ni plastique, ni vaisselle « compostable » ou autres indésirables. La population peut se servir gratuitement de compost à toute heure du jour et de la nuit à l’entrée de notre compostière de La Chaux-de-Fonds, rue de la Charrière.
– D’autres légendes ?
– Oui, ceux qui pensent qu’on peut brûler les déchets dans son jardin ! C’est interdit et ça dégage énormément de polluants. Chez Vadec, les fumées sont épurées et filtrées. Elles respectent les normes OPair et sont régulièrement contrôlées.
– Autre chose ?
– Une autre légende, contrairement à ce que certains pensent, nous n’importons aucun déchet de l’étranger pour alimenter nos fours. On en a bien assez !






























