Où va le monde

Par Olivier Kohler

La diplomatie de la canonnière

Bataille navale en mer des Caraïbes. Washington déploie 8 navires de guerre, un sous-marin nucléaire, 10 000 hommes, une escadrille de F-35 et le plus grand navire de guerre du monde, le Gerald Ford. Officiellement, la Maison-Blanche entend lutter contre les filières de trafic de drogue implantées en Amérique latine. Depuis début septembre, l’administration Trump revendique la destruction d’une dizaine d’embarcations et la mort de 37 narco-trafiquants transportant des tonnes de cocaïne et de fentanyl sur le territoire américain. Caracas et Bogota dénoncent des exécutions extra-judiciaires illégales dans les eaux internationales et les préparatifs d’un futur coup d’État destiné à renverser les gouvernances de gauche à l’œuvre en Amérique du Sud. En ligne de mire, la Colombie et le Venezuela. Deux puissances régionales considérées comme hostiles, parce que dirigées par des révolutionnaires, proches de Moscou et de Pékin, de plus en plus présentes dans cette sphère d’influence traditionnelle des États-Unis. L’intention est non seulement de stopper les ambitions chinoises mais aussi de reconquérir une Amérique latine qui s’est affirmée depuis 2 décennies comme un contrepoids politique et économique à l’hégémonie américaine. Donald Trump ne s’en cache pas. Il dit avoir autorisé des opérations secrètes d’agents de la CIA au Venezuela pour renverser Nicolas Maduro, le fantasque héritier politique d’Hugo Chavez, l’homme qui avait nationalisé les ressources pétrolières – les plus importantes au monde – de son pays. L’administration Trump renoue en quelque sorte avec cette diplomatie de la canonnière à l’œuvre en mer des Caraïbes au XIXe siècle et peut-être avec celle de la période de la guerre froide, lorsque, mué par un anticommunisme viscéral, Washington soutient activement des dictatures militaires au Chili, en Argentine et au Brésil pour contrer l’influence soviétique et mettre en place des gouvernements « amis » .

 

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