L’un des poumons qui fait respirer Le Locle !

Par Cédric Dupraz

Ville industrielle et cosmopolite, Le Locle peut se targuer de l’apport de nombreuses communautés au fil de son histoire. Celle venue du Portugal est aujourd’hui la plus importante, et de loin ! Entre tradition, solidarité et intégration, immersion au cœur d’une culture vibrante et pourtant souvent méconnue.

Avec plus de 1250 ressortissants, les Portugais contribuent au développement de la Mère commune. D’ailleurs, Da Silva et Ferreira figurent parmi les noms de famille les plus répandus sur notre territoire. Actifs dans tous les secteurs, ils participent – parfois dans l’ombre – au rayonnement de la ville du Locle. Le Ô est allé à leur rencontre !

Une épicerie au bon goût du pays
Situé aux Envers 57, l’épicerie Casa Lumar ne désemplit pas. Entre deux clients, Raquel Susana Soares de Oliveira nous présente quelques produits typiquement portugais : « Le poulpe, l’espadon ou le bacalhau sont très appréciés. » Les clients affectionnent également le large choix de vins, comme le Piano Douro ou le Casal Garcia. « Nous sommes ouverts depuis 2020 et très heureux du fonctionnement de notre enseigne », nous confie Raquel. Sourire généreux, elle se précipite à la banque de fromages pour servir une tranche d’ovelha, un produit issu du laitage de brebis. Mais l’un des produits emblématiques du pays de Vasco de Gama est bien sûr la bière : la Super Bock ! Fondée en 1927, elle est très populaire dans le nord du pays, tandis que la Sagres, créée en 1940, est appréciée dans le sud.

Des entrepreneurs partis de rien
À une centaine de mètres de là, aux Envers 64, nous entrons au Tio Do Porto (l’Oncle de Porto). Susanna Pinto et Carlos Ferreira nous accueillent chaleureusement. On s’y retrouve pour déguster une francesinha de porc ou de volaille. Aux fourneaux, Belmiro Moura fait l’éloge de ce plat, très renommé au pays des œillets. « Avec son fromage fondu et sa sauce, c’est un plat copieux mais les Suisses adorent ! » Le soir, la convivialité se prolonge souvent devant un match : Benfica Lisbonne, FC Porto ou Seleçao, à choix ! La communauté portugaise a également donné de grands entrepreneurs. Créée en 2000 et établie au Locle depuis 2004, la société Calçada est désormais un acteur incontournable dans le domaine de la sous-traitance horlogère. Son fondateur, Paulo Calçada, a connu un parcours passionnant : arrivé en Suisse en 1987 pour faire les vendanges, il a travaillé dans l’industrie avant de fonder sa propre entreprise familiale. Elle comprend aujourd’hui plus d’une centaine de collaborateurs !

Le travail comme clé de l’intégration réussie
Les ressortissants portugais sont également présents dans la construction. Lorsque certains d’entre eux entonnent Grandôla, Villa Morena, terra de fraternidade – le chant qui signala le début de la révolution des Œillets (1974) –, l’émotion est palpable.
Figure bien connue du Locle, l’enseignante de Jehan-Droz Marina Da Silva nous raconte son parcours : « Dans les années 1980, ils sont venus chercher mon père au Portugal pour répondre à la demande de l’entreprise Steinmann à La Chaux-de-Fonds. » Marina est arrivée en 1986 à l’âge de 6 ans. « Ma maîtresse de 2e primaire, Mme Sylvie Graber, m’a prise sous son aile en prenant un traducteur. » Adulte, Marina a travaillé à Ismeca avant de reprendre des études universitaires. Sa licence d’anglais et d’allemand en poche, elle a d’abord enseigné aux Forges, puis au Val-de-Ruz. « J’ai ensuite eu l’opportunité de venir à l’école du Locle. Cette ville m’a tant donné et j’ai tellement de souvenirs ici. Dans ma tête, je suis totalement Suisse. » Non, mieux encore : Locloise !

Et comme elle, ses 1249 « compatriotes » donnent de précieuses bouffées d’air à la Mère commune !

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