La crèche des Eplatures sortie intacte de la tempête

Sylvia Freda

Maurice Bianchi, Créa Calame et les bénévoles ont vidé samedi le Temple devenu dangereux. Evacuation amère : ils ne reviendront plus. le bâtiment va devenir lieu d’hébergement !

Longtemps, indifférente au passage terrestre des heures, l’horloge du temple des Eplatures à La Chaux-de-Fonds s’était arrêtée. Sur midi ou minuit, selon qu’on lisait les aiguilles de jour ou de nuit. Cet étrange phénomène créait un halo d’éternité autour de l’édifice. Comme si une force venue d’au-delà du temps avait délibérément choisi de laisser son empreinte sur cette structure, dépouillée de son côté sacré en 2013.

Puis, voici environ une année, après réparation, les aiguilles ont repris leur course. Dès lors, le lieu quittait sa fascinante apesanteur et de son soudain retour à nos lois spatio-temporelles naissait le sentiment qu’un compte à rebours vers une catastrophe imminente commençait. Le 24 juillet, une violente rafale dévastait la Métropole horlogère. Une tragédie, dont le temple est devenu le symbole, tant il a subi de dégâts, allant jusqu’à perdre son clocher, emblème de la souveraineté divine.

Aussi quelle n’a pas été la surprise du Chaux-de-Fonnier Maurice Bianchi et de Créa Calame, de Grandson, lorsqu’ils ont découvert, après la catastrophe, que leur crèche de Noël géante, avec ses dix tonnes de matériel, stockée dans le temple depuis des années, était intacte.

« Cela nous est tout de suite apparu comme un signe, celui que nous devions continuer de montrer notre Nativité. Comme nous l’avons fait aux Eplatures en 2014, 2018 et 2021. Éditions dont chacune a séduit près de 70’000 visiteurs, sauf la dernière, qui a attiré moins de monde en raison de la pandémie ».

 

A Morteau en 2024
Si l’ensemble de leurs figures de l’Avent et de leurs décors a été épargné, c’est aussi parce qu’avant la tempête déjà, la Ville leur avait demandé de les ôter du bâtiment.

En effet, l’Association pour la sauvegarde du patrimoine des Montagnes neuchâteloises, ladite Aspam, aspire à développer un projet. Projet, qui sera officiellement présenté bientôt, a-t-on su (lire encadré ci-contre). « Du coup, nous nous étions donc déjà mis à déménager une bonne partie du matériel à l’église Notre-Dame à Morteau, où la crèche sera montrée lors du Noël 2024 », indiquent Créa Calame et Maurice Bianchi. Qui s’appliquaient à libérer le lieu plutôt tranquillement, puisqu’au départ les autorités nous avaient donné jusqu’au 9 septembre pour débarrasser les lieux. « Toutefois après la rafale, au vu de la dangerosité du périmètre, interdit d’accès par la police dès le 25 juillet, le délai a été avancé », raconte le tandem.

« La Ville nous a demandé de nous exécuter au plus vite, sans quoi nous risquions de tout perdre ! C’était de la folie !». D’où la présence du duo, aidé par une trentaine de bénévoles de France voisine et de Suisse, sur place, le samedi 19 août. «Et étant donné que l’endroit était cancellé, nous avions reçu une autorisation exceptionnelle de nous y rendre ».

Maurice Bianchi, elle et les personnes qui leur ont prêté main-forte, ont-ils été protégés par des représentants du SIS des Montagnes au vu du péril en la demeure ? « Non, nous étions juste tenus de porter des casques et des bonnes chaussures. Par conséquent, nous sommes venus avec nos casques de ski ou de vélo et nos souliers bien solides. Et nous avons fini par charger deux semi-remorques ! »

Où sont partis les modules, démontés ce jour-là ? «A la Chapelle de l’Hôpital à Estavayer-le-Lac (FR) où la crèche sera présentée à la fin de cette année», annoncent Créa Calame et Maurice Bianchi. « Puis fin 2024, après sa halte à Morteau, celle-ci passera par Bottens (VD) en 2025 et après par Gland (VD), en 2026 ». Et nous ne pourrons plus l’admirer à La Chaux-de-Fonds ? « C’est fini ! Nous n’avons reçu aucune proposition ».

 

 

Dormira-t-on bientôt dans le Temple ?

Mais quel futur attend le temple des Eplatures, vidé de sa crèche géante, samedi dernier, par Créa Calame et Maurice Bianchi ? « Nous avons libéré les lieux sans savoir du tout ce qu’ils deviendront », répond le duo. « Tout ce que nous pouvons vous dire, c’est que nous avons été tristes de tourner la page, car les murs semblaient partager leurs souvenirs avec nous, lorsque nous montions notre Nativité ».

Pour percer le mystère, Le Ô a donc cherché à en savoir plus sur ce que l’avenir réserve à cet endroit, qui va d’abord devoir être remis en état. De source fiable, nous avons appris que l’Aspam envisage de transformer le bâtiment en un centre d’accueil réservé aux étudiants, avec des chambres et autres commodités. Cependant, bien que le projet soit parfaitement ficelé, rien n’a été officialisé jusqu’à présent. L’Aspam devrait communiquer à ce sujet dans les deux prochaines semaines, d’où le silence qu’elle désire garder pour l’heure sur le dossier et son refus de nous répondre pour le moment. (sf)

Une des images choc de la tempête du 24 juillet : le Temple des Eplatures décapité. Mais la crèche géante qu’il abritait a été miraculée. (Photos : à gauche Géraldine Zosi, à droite gs)
Une des images choc de la tempête du 24 juillet : le Temple des Eplatures décapité. Mais la crèche géante qu’il abritait a été miraculée. (Photos : à gauche Géraldine Zosi, à droite gs)

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