Les conflits révèlent les dangers de la désinformation : L’histoire foisonne d’exemples
Et si le Hamas avait trompé l’opinion internationale en accusant à tort l’armée israélienne d’avoir tué 500 civils dans un hôpital de Gaza ? Lancée par l’hebdomadaire français Le Point, la question sème le doute. On ne trouve trace du missile de Tsahal. Le bilan est revu à la baisse et l’hypothèse d’une roquette palestinienne tombée « accidentellement » sur cette cible symbolique semble s’imposer.
Le résultat est là. L’opinion internationale s’indigne de l’atrocité de ces crimes de guerre. La colère explose dans le monde arabe. L’auteur de l’article – intitulé « Anatomie d’un naufrage médiatique » – est brûlé à vif sur le bûcher des réseaux sociaux, qualifié de révisionniste à la solde du régime sioniste. On ne connaîtra sans doute jamais l’absolue vérité, mais une fois encore, cette séquence impose la nécessité de douter, de s’interroger et de vérifier. Avec cette question essentielle. À qui profite le crime ?
L’histoire contemporaine foisonne d’exemples. Noël 1989. L’opinion internationale suit en direct à la télévision la révolution roumaine et s’émeut de cet alignement morbide de corps exhibés à Timisoara. 4000 personnes atrocement mutilées par la Securitate, les services secrets roumains. En réalité, il s’agit d’une mise en scène réalisée avec des cadavres déterrés. Captivés par l’immédiateté de cette révolution, les médias du monde entier ont relayé. Sans s’interroger et sans vérifier.
Le déclenchement de la première guerre du Golfe (1990-1991) est le fruit d’une vaste entreprise de manipulation. C’est la fameuse affaire des couveuses débranchées, fameuses confessions d’une jeune koweïtienne devant le Sénat américain. Le témoignage choc d’une infirmière affirmant les larmes aux yeux que des soldats irakiens avaient débranché des enfants dans des couveuses. Quelques mois plus tard, on apprend que le « témoin » en question était en réalité la fille de l’ambassadeur du Koweït à Washington.
En 2003, l’invasion américaine en Irak constitue un autre exemple de manipulation médiatique. Les fameuses fioles présentées devant le Conseil de sécurité et les accusations proférées à l’égard de Saddam Hussein, accusé de produire des armes de destruction massive et de soutenir le terrorisme international alors qu’en réalité il fut l’un des premiers dirigeants arabes à alerter l’Occident sur les risques d’un djihad international.
Dans son essai « Guerre et opinion : communiquer, informer, désinformer », le politologue français Pascal Boniface met en garde : « À partir du moment où vous avez un mensonge d’État sur l’existence d’armes de destruction massive en Irak, il ne faut pas s’étonner que des gens pensent que c’est un complot américain que de dénoncer l’usage d’armes chimiques en Syrie par le régime de Bachar El-Assad. Ils vont dire « on nous a déjà fait le coup »…