Un joggeur des Montagnes neuchâteloises a cru croiser un renard. « Mais quand ma lampe frontale l’a éclairé… ». Le récit qui suit se finit bien, mais il est édifiant.
« Je n’ai pas honte de le dire : je suis parti en criant de terreur ». Valentin, 21 ans, pratique la course à pied. Mardi soir 5 mars, il est parti au fond de la Vallée des Ponts-de-Martel faire une de ses boucles habituelles. Vers 19h30, il aperçoit un animal bouger plus loin sur le bord du chemin. « J’écrivais par sms « je cours » à un copain qui m’envoyait des messages. Quand je suis arrivé à hauteur de la bête. Je l’ai éclairée avec ma lampe frontale. Elle était juste là, à un mètre. J’ai pensé à un chien. Mais quand elle a ouvert sa mâchoire, j’ai vu la taille des dents et j’ai compris : un loup ! Mon sang n’a fait qu’un tour. Je me suis dit c’est fini. Il va me bouffer. J’ai hurlé aussi fort que j’ai pu et j’ai pris mes jambes à mon coup ».
Valentin fonce du plus vite qu’il peut, en criant, le long du chemin, au pied de la Combe-Pellaton. « Quand je me suis retourné, j’ai vu deux paires d’yeux qui brillaient à 50 mètres derrière moi. J’ai cherché un arbre pour essayer d’y grimper. Je n’y suis pas arrivé et j’ai recommencé à courir en criant. Je pense que mes hurlements les ont freinés », se rassure-t-il.
Deux loups au moins
« Au milieu de la côte, ils ne me suivaient plus ». Ils? Il y en avait deux à coup sûr. Je pense même trois. J’ai entendu des hurlements en bas. Je n’ai jamais eu aussi peur. Encore maintenant, j’en ai les poils qui se hérissent… »
Pourtant, le jeune homme n’est pas du genre « chiard », comme il le dit. « En famille, on fait du bois en forêt, raconte ce menuisier de formation. Le retour du loup, on en a parlé en rigolant, en se disant qu’on ne ferait pas tellement les malins… »
Si Valentin raconte sa mésaventure, c’est « pour informer et contredire les gens qui se bercent d’illusions ». « J’entends des personnes dire que c’est fantastique que ce grand prédateur revienne. C’est n’importe quoi ! A l’époque de mon grand-père, ceux qui tuaient un loup touchaient une prime. Il devait bien y avoir des raisons. Aujourd’hui, nous les humains sommes partout. C’est comme ça. Il n’y a plus la place pour que le loup puisse avoir une vie normale. Il est trop proche de l’humain, qu’il ne craint plus. On court à l’accident. C’est inadmissible. Une collègue m’a dit que c’était fantastique que j’aie vu des loups. J’aurais bien aimé la voir à ma place… »
Valentin ne sait pas quand il osera retourner courir dans la Vallée des Ponts… « J’aime bien l’adrénaline, mais il y a des limites ».
Que faire face à un loup?
Valentin nous a posé plusieurs fois la question. Qu’est-ce qu’on doit faire si on se retrouve face à un loup? Les recommandations sont les suivantes, en sachant que la confrontation répétée aux humains peut aussi changer les réactions de Canis Lupus…
D’abord, crier, parler fort ou taper dans les mains. Valentin a bien fait de hurler en prenant ses jambes à son cou. Courir n’est en revanche pas la meilleure idée: cela peut déclencher un réflexe de poursuite chez le prédateur.
Si le loup continue de s’approcher alors qu’on recule pour s’éloigner, le plus indiqué est de s’arrêter, de crier et de tenter de se faire le plus gros possible, en levant les bras grands écartés. Lancer une pierre ou un objet peut aussi intimider l’animal.