Balcon ouvert, je vois le bleu du ciel et les crêtes enneigées. La brume caresse les sapins. Dans une cour des enfants jouent en riant. Des oiseaux gazouillent. Du toit tombent des gouttes diamantines. Elles brillent au soleil. La neige fond. Ce n’est pas encore le printemps. Ce n’est plus vraiment l’hiver. Dans le jardin de mon immeuble fleuriront bientôt les primevères. Je pourrai marcher dans les pâturages pour cueillir la dent-de-lion et m’extasier sur la beauté toute simple des pâquerettes.
Après l’obscurité de l’hiver, et l’austérité que la pandémie nous impose depuis deux ans, la lumière revient. Un chatoiement qui me remplit de joie. Qui me donne envie de m’habiller de couleurs gaies. D’écouter une musique stimulante. De danser en chantant à tue-tête. De voir une pluie de paillettes dorées égayer ma vie. Besoin de découvrir des sourires et de déambuler dans un univers bariolé. De la couleur ! De la fantaisie ! Du kitsch sans soucis. Je me précipite sur la toile à la recherche d’une époque bigarrée : les années 1970.
Sur Youtube j’enclenche une vidéo de musique disco funky. Je me déhanche sur ma chaise en me plongeant dans une autre page. Je déroule des images de mode. Je m’arrête sur des jambes gainées d’un collant mauve imprimé de grandes marguerites stylisées avec des pétales fuchsia, mandarine et jaunes. Les pieds sont chaussés de mules orange vif à l’embout carré. Ce n’est pas d’un goût exquis mais cela me fait rire. Sur une autre photo, trois hommes arborent des chandails et des gilets réalisés au crochet avec des laines aux tons criards. Ma bonne humeur grandit. Je passe à la déco. Je trouve la lampe champignon vert fluo et l’utérin fauteuil boule, tapissé de rouge vif, où l’on se blottit pour y feuilleter des comics plein d’extraterrestres monstrueux et amusants ou, plus actuel, pour y regarder un film sur sa tablette. Tout cela m’incite à courir les boutiques de seconde main pour y dénicher le chemisier au col pelle à tarte et le pantalon à pattes d’éph. Que la couleur et le farfelu me reviennent sans entraves ni peur du ridicule, me possèdent et ne me quittent plus.
Blog « Des avenues et des fleurs »
(blogs.letemps.ch/dunia-miralles/).
Swiss trash (2000), Fille facile (2012),
Inertie, (2014, Prix Bibliomédia), Mich-el-le (2016).
