Le déplacement forcé à Gaza, un désastre dans des conditions inhumaines

Par Ziad Medoukh,
15 avril 2025, Gaza

Pacifiste et non-violent convaincu, Ziad Medoukh est professeur de français à l’université. Il habite à Gaza-ville, lieu qu’il a toujours refusé de quitter. Une fois par mois, il parle de la vie à Gaza mais aussi d’espoir et d’avenir.

Après avoir rompu les accords de trêve le 2 mars 2025, l’armée israélienne a forcé 400 000 personnes à se déplacer à nouveau. Parmi elles, 300 000 sont obligées de vivre dans la rue, dans des tentes déchirées, au milieu des ruines, à côté des cimetières et des détritus. Les tentes et les caravanes n’entrent plus dans Gaza depuis le début de l’agression.

Prévenus par flyers, les gens ont 6 heures pour évacuer
Suite au 7 octobre 2023, 1 400 000 Gazaouis ont déjà été déplacés par la force dans la bande de Gaza (60 % de la population civile). Certains d’entre eux ont déjà dû évacuer à 5 ou 6 reprises. Israël laissait auparavant 24 heures aux déplacés pour se préparer à évacuer. Il ne leur donne plus que 6 heures aujourd’hui. Les habitants sont prévenus au moyen de tracts et de flyers largués depuis des avions et provoquant des scènes de panique dans la population. Les gens ne prennent qu’un petit sac, leur tente, un matelas et fuient en laissant tout le reste derrière eux. Hommes, femmes avec leur bébé dans les bras, vieillards, enfants, ils sont obligés de partir à pied dans les rues défoncées pour se rendre dans un autre quartier où ils ne seront pas plus en sécurité. Pour la plupart, ils n’ont plus d’argent. Pendant la trêve, ils sont retournés chez eux et ont dépensé leurs dernières économies pour essayer de réparer leurs maisons détruites ou acheter des panneaux solaires.

Les déplacés fuient Rafah et se réfugient à Khan Younes
Aujourd’hui, Rafah – la plus grande ville du sud de la bande de Gaza – est presque vide. Ses 130 000 habitants ont été obligés d’évacuer pour trouver refuge à Khan Younes. Au nord, la ville de Gaza abrite aujourd’hui 1 400 000 habitants dont 300 000 déplacés qui viennent de Beit-Hanoun, Jabalya et Beit Lahia. à cette situation inhumaine s’ajoutent, depuis le 2 mars, la fermeture de tous les passages et la non-entrée des aides humanitaires. Il n’y a pas d’endroit prévu pour accueillir les déplacés qui ont fui les bombardements intensifs. Sans aide ni assistance, ils sont obligés de vivre à 20 ou 25 par tente. On sent la colère et la tristesse. Les ordres d’évacuation deviennent toujours plus fréquents. Il n’y a aucun endroit sûr à Gaza.

Pas d’assistance, pas de moyens !
Les tentes neuves et les caravanes promises sont bloquées et ne peuvent entrer dans Gaza. En hiver, il faisait très froid dans les tentes. Cet été, il fera trop chaud. Souvent, les camions citernes qui transportent l’eau potable ne peuvent plus passer dans les rues défoncées par les bombardements et le passage des tanks israéliens. Tout est détruit. Même creuser des puits d’eau est difficile. Il n’y a ni gouvernement, ni autorité, ni organisation internationale ou locale pour aider les déplacés. Les organisations internationales qui apportaient assistance à la population n’entrent plus dans la bande de Gaza. Dans le silence complice de la communauté internationale, 2 400 000 Gazaouis survivent aujourd’hui dans des conditions catastrophiques et inhumaines.

 

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