Pendant quelques heures, Le Ô s’est glissé dans le maillot de vélo de La Cyclone pour suivre le shift du coursier Mathéo Quispe Apaza à travers les rues de La Chaux-de-Fonds. Immersion dans l’organisation bien… graissée de l’entreprise de livraison 100 % neuchâteloise et 100 % à la force des mollets.
Il est 15 h et des poussières
J’entre dans le magasin de la Vieille Reine dont l’arrière boutique est un appartement que le magasin partage avec La Cyclone. Je retrouve Mathéo Quispe Apaza souriant et rayonnant dans son maillot de vélo marqué d’un symbole concentrique. Il m’invite dans les locaux constitués de bureaux, d’une salle de bain et d’une cuisine. Le jeune homme de 28 ans récupère le téléphone de la coopérative qui permet de joindre la personne qui s’occupe de répartir les livraisons entre les coursiers.
Présentation du matériel à 15 h 05
Il me présente son matériel qui se résume à un cadenas, le nécessaire de réparation pour un vélo, une sangle et un sac à dos qui a connu des jours meilleurs. « Il pèse 5 kilos à vide », me renseigne Mathéo. Les livreurs sont lourdement chargés et se déplacent essentiellement en vélo musculaire. « Physiquement, si on compare avec le moment où j’ai commencé (nldr : il y a 3 an), c’est le jour et la nuit », constate Mathéo. En plus de lui avoir redonné la forme, son métier l’épanouit : « L’avantage, c’est qu’on travaille en plein air tout le temps tout en faisant du sport et en étant payé. Le désavantage, c’est que je ne deviendrai jamais riche », plaisante-t-il.
L’horloge affiche maintenant 15 h 20
C’est parti pour notre première livraison. Direction la gare ! Même si je n’ai pas une passion égale pour les deux-roues, j’enfile le maillot de La Cyclone que Mathéo m’a prêté pour l’occasion et je monte sur la selle. Le coursier fonce à travers les rues de Chaux-de-Fonds avec habileté. J’augmente le braquet pour le suivre tant bien que mal. On arrive à la gare et nous nous faufilons à travers les pendulaires. Une fois sur le quai, il toque à la fenêtre du conducteur qui ouvre et prend le colis. Première livraison effectuée !
La suite du programme débute par une pause boisson à 15 h 40
Retour au QG pour un ravitaillement sirop d’orgeat avant de faire la tournée des pharmacies.
Récupération des colis à 15 h 50
Sur les pédales, on récupère une dizaine de paquets dans deux pharmacies et on rentre au QG pour retrouver Géraud, l’autre livreur de ce jeudi après-midi. Ils se partagent les colis et Jeanne (qui répartit les livraisons ce jour-là) envoie Mathéo dans les quartiers sud de la ville. Mais avant, nous devons pédaler jusqu’aux Éplatures pour livrer un autre colis. Le souffle se fait de plus en plus court.
Distribution à 15 h 55
C’est parti pour un plat de quelques kilomètres en direction de l’aéroport du Haut sur un rythme d’enfer. Le soleil tape fort sur nos casques et je sue abondamment. Je n’ose pas imaginer Mathéo avec son sac rempli à ras bord de colis. En plus, il effectue les montées dans les immeubles à pied : « Quand il y a plus de 2 étages à gravir, je prends l’ascenseur pour gagner du temps », me confie-t-il quand même. Nous effectuons une ou deux livraisons avant de nous quitter, transpirants mais contents ! Je peux dire que je suis passé dans l’œil du cyclone et c’est plutôt plaisant à vrai dire… (ape)