Non ce n’est pas d’alpinisme ni de performance sportive dont il s’agit mais d’Alain Berset, ce fringuant ex-Conseiller fédéral est devenu le premier Suisse à être élu secrétaire général du Conseil de l’Europe. Reportée une première fois, la soirée a connu le succès avec une affluence de 400 personnes venues écouter les propos européens d’Alain Berset à la Maison du peuple qui dispose d’une salle plus spacieuse que celle du Club 44. Une année après son élection de juin 2024, le fribourgeois est venu à la rencontre de ses nombreux amis neuchâtelois pour parler d’une institution fondée en 1949 et dont la Suisse est membre depuis 1963. Le Ô était dans la salle !
Une Europe aux 46 Etats
Alain Berset a rappelé que Winston Churchill est venu à Zürich pour annoncer en 1946 la création du Conseil de l’Europe. Dans le contexte d’après-guerre, le premier ministre britannique n’avait pas choisi la Suisse par hasard. « Moi je trouve qu’avec ses valeurs démocratiques et sa diversité, notre pays reflète bien ce qu’est l’esprit européen dans la grande famille Europe dont nous faisons partie depuis toujours », affirme celui qui a débuté son mandat de 5 ans en septembre 2024.
Plus d’autocraties que de démocraties dans le monde
Alain Berset cite une étude suédoise selon laquelle, pour la première fois depuis 20 ans, le monde compte plus d’autocraties que de démocraties. Dans ce monde en pagaille, qui voit les guerres s’enchaîner sans issue rapide, le Fribourgeois interagi à la tête du Conseil de l’Europe pour faire entendre la voix de la paix et tenter d’apaiser les conflits. « Pour faire régner l’état de droit, nous disposons de la Convention européenne et de la Cour européenne des droits de l’Homme, dont les arrêts -parfois contestés (ndlr : à cause de son inaction climatique la Suisse perd face à des retraitées) – s’appliquent dans le pays fautif. Nous disposons aussi de moyens pour mettre en place des outils sur mesure scellé dans un accord que je viens de signer avec le président Zelensky ». Le Fribourgeois rappelle que le Conseil de l’Europe condamne sans réserve la guerre à Gaza même si le lieu du conflit n’appartient pas au continent européen. « Le Conseil de l’Europe, c’est aussi le courage de prendre des décisions comme celle prise avant le début de mon mandat, d’exclure le 47e membre – la Russie – en mars 2022 ».
Le risque de la montée du nationalisme
« En 1995, j’avais 20 ans et je me disais que tout allait pour le mieux », raconte Alain Berset en admettant que cette perception d’hier a diamétralement changé. « Les incertitudes, les difficultés économiques, la désinformation avec ses interférences manipulatoires externes, amènent les gens à se replier sur eux-mêmes ». Dans ce contexte, le soutien à des mouvements identitaires est un réflexe exploité pour nourrir la peur mais de là à placer un dictateur au pouvoir, c’est risqué, prévient notre ex-ministre de la Santé.
Le Conseil de « Monsieur Covid »
« Si je devais prodiguer un seul conseil à la jeune génération, c’est de s’engager de quelques manières que ce soit » Il n’y pas que la politique mais de nombreuses causes qui méritent un engagement citoyen qui favorise le vivre-ensemble. Mouvements sportifs, sociaux ou culturel, tout est bon pour interagir. « Je préfère une dizaine de jeunes qui discutent le soir dans la rue en écoutant de la musique, plutôt que le repli sur soi ». « Toute forme d’engagement est à la base d’une société qui amène les individus à communiquer sans l’intermédiaire des réseaux ; je l’admets, ça sonne un peu niais, mais c’est ce qui donne du sens à ce que nous faisons ».