Connaissez-vous la tour Jürgensen ?

Par Cédric Dupraz

Désignée plus belle localité du canton par nos confrères de Canal Alpha, Les Brenets regorgent de trésors. Parmi ceux-ci, l’emblématique tour Jürgensen surplombe la petite cité des rives du Doubs. Vous ne la connaissez pas ? Alors suivez-nous !

De style néo-médiéval, la tour a de quoi surprendre : un carré parfait de 4 mètres de côté et une hauteur de 14 mètres coiffant le sommet des arbres. L’escalier en colimaçon, composé de 66 marches, conduit le visiteur à une plateforme belvédère offrant une vue exceptionnelle sur la vallée du Doubs. Le promeneur peut alors contempler la rivière et ses méandres, les vastes forêts françaises et suisses, les crêtes du Jura, Villers-le-Lac ainsi que le bourg historique des Brenets.

Un tour qui fait naître bien des fantasmes mais…
Devant ce vaste panorama, le visiteur, agrippé aux créneaux, s’imagine l’espace d’un instant en Saint Louis, Richard Cœur de Lion, Aliénor d’Aquitaine ou, plus proche de chez nous, en Jean d’Aarberg. Guettant l’arrivée des hommes du prieuré de Morteau ou des Bourguignons, il fait sienne la devise médiévale : « à cœur vaillant, rien d’impossible ! » Sauf que l’édifice ne remonte qu’aux environs de 1870 ! Cette tour de guet est en réalité l’œuvre d’un horloger romantique : Jules II Jürgensen. La famille danoise Jürgensen est bien connue dans la Mère commune. En 1797, Urban est envoyé par son père au Locle pour travailler dans l’atelier de J.-F. Houriet, avant d’épouser la fille de ce dernier. Après un séjour de 6 ans à Copenhague, les Jürgensen reviennent en 1807 dans notre belle cité et s’installent dans la maison dite du Haut Perron (voir notre édition du 28 mars 2025).

Une tour pour guetter son amour secret de l’autre côté de la frontière ?
C’est finalement Jules II, fils de Jules I et petit-fils d’Urban, qui fit sans doute construire la tour. Autour d’elle planent des mystères sur lesquels nombre d’historiens se sont cassé la tête et les dents. En quelle année a-t-elle été construite ? Quelles étaient les motivations de son fondateur ? Une légende voudrait que cette tour ait été bâtie afin de permettre à Jules d’apercevoir son amour platonique de l’autre côté de la frontière. D’autres considèrent qu’il s’agissait d’un hommage à son épouse ou à son fils. Durant le XXe siècle, le bâtiment subit les dégradations du temps. Laissé à l’abandon, il faut attendre les années 1980 pour que des tentatives de préservation de l’édifice soient lancées. En 1995, une association pour la réhabilitation de la tour voit le jour. La Brenassière Frédérique Vouga en prend la présidence, tandis que le comité d’honneur est présidé par René Felber, ancien maire du Locle, conseiller fédéral et président de la Confédération suisse.

Comment vous y rendre ?
En 1998, la tour renaît de ses cendres sous la direction de l’architecte Pierre Studer. Les festivités sont grandioses, marquées notamment par la présence de l’ambassadeur et d’une délégation du Danemark. Depuis lors, la tour est devenue un haut lieu de pérégrinations dans nos montagnes. Parmi les itinéraires possibles, celui depuis la gare des Brenets est des plus bucoliques. Descendez tout d’abord la rue du même nom et tournez à gauche sur la rue Pierre-Seitz. Un parcours d’un peu plus d’un kilomètre vous conduira, entre pâturages et forêts, vers l’édifice tant convoité. À sa base, un foyer et des tables en bois vous attendent pour un moment convivial. Entrez alors dans la tour.

Que peut-on y lire dans la pierre ?
Vous y trouverez une inscription : JfuJ (Jules Frederic Urban Jürgensen, dit Jules II) et le reste de ce qui devait être un mausolée. Jamais ouverte, l’urne funéraire s’y trouve encore, noyée dans le béton des suites de la rénovation. Une citation est inscrite dans la pierre : « On n’est jamais vaincu lorsque l’on est immortel. » La tour Jürgensen l’est peut-être. Si Alexandrie avait son phare et Rhodes son colosse – aujourd’hui tous deux disparus –, Les Brenets ont encore leur tour ! Haut lieu touristique, la tour Jürgensen culmine au-dessus des Brenets et embellit encore ce beau morceau de terre neuchâteloise…

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