Derrière ce titre un brin familier se cache une porte : celle que le duo Françoise Boillat (50 ans) et Guillaume Béguin (51 ans) souhaite ouvrir en grand au TPR. Ils succéderont officiellement à Anne Bisang (12 ans de service) le 1er juillet prochain et leur projet incarne pleinement chaque composante de ce qui fait le TPR : théâtre (madame est comédienne et monsieur metteur en scène), populaire (faire reposer une partie des créations sur la population) et romand (à eux 2, leur réseau s’étend bien au-delà des frontières neuchâteloises) !
Françoise Boillat et Guillaume Béguin ont cette chance d’être comme nous, dans le Haut : sans chichis, ouverts et… en retard de temps en temps aux rendez-vous ! En fait, c’est ça leur force : ils pensent la culture comme le peuple le ferait. En poussant le trait (ou la porte), on pourrait presque dire que la culture se fait par des gens du quotidien qui se transforment soudainement en extraordinaire force d’incarnation sur les planches. Sans le savoir, on vient de toucher le premier marqueur du projet qu’ils souhaitent porter dans le futur au TPR : l’héritage !
« Ouvrir la porte à tout le monde »
« L’héritage est capital dans cette nouvelle aventure. Il y a bien sûr l’héritage que représente l’histoire de cette grande maison des arts qu’est les Théâtre populaire romand mais il y a aussi l’héritage d’une région et de sa population. C’est sur cet héritage-là qu’on entend faire reposer une partie de nos créations avec des projets participatifs et collaboratifs », clame le duo chaux-de-fonnier. « Qui dit populaire dit peuple et population. On aimerait s’appuyer sur les savoirs issus de la population ainsi que des histoires de vie et des témoignages. Le TPR ne doit pas être réservé qu’à des professionnels du spectacle, on veut réellement ouvrir la porte à tout le monde. » La création d’une troupe amateure fait d’ailleurs partie des objectifs à long terme tout comme celui de remettre en place des cours pour adultes et pour enfants.
Créer un attachement entre ceux qui font et ceux qui regardent
Françoise et Guillaume veulent aussi développer un lien particulier entre le public et ce qui se passe sur scène. Comment ? En créant un collectif d’artistes en résidence au TPR : « L’idée est de regrouper d’autres artistes avec nous pour une résidence qui s’étendrait sur différents théâtres de Suisse romande. Là encore, on cherche l’ouverture ! On cherche également à créer un effet de troupe pour permettre aux spectateurs d’apprendre à connaître les artistes, à les voir grandir et évoluer durant au moins 3 ans. » Bref, créer un attachement sincère entre ceux qui « font » et ceux qui les regardent ! Cette sincérité de travail est perceptible dans la façon de présenter les contours de leur future présidence. C’est sans doute l’un des facteurs qui a joué en leur faveur au moment de départager les 30 dossiers de candidature reçus pour succéder à Anne Bisang.
Porter l’espoir et l’action plutôt que la tristesse des constats
Ce processus en 3 tours de sélection a duré 5 mois. Françoise et Guillaume ont fait candidature commune dès le second tour, persuadés qu’ils étaient de leur complémentarité mais aussi de leur vision commune de la culture : « Cela doit pousser les gens à avancer et pousser à l’action. On n’a pas envie de faire des choses molles et toujours tristes. La culture peut aussi porter un message d’espoir. Le deuxième marqueur de notre façon de faire est d’ailleurs la joie. Le théâtre peut servir d’électrochoc sur certains sujets. » Ce qui nous amène au 3e marqueur du duo : le soin ! « Le soin du détail, le soin de notre équipe et surtout le soin du public. Lui proposer un spectacle, c’est ne pas le laisser seul sans outils de compréhension. Il faut guider son regard et lui apporter des pistes auxquelles s’accrocher. » Sans jouer la comédie mais toujours en maniant l’art subtil de la mise en scène, le duo pourrait bien rapidement toucher son public : la population !






























