Un réfugié à la maison, oui, mais comment choisir ?

Vincent Kohler
56 ans, pas encore réfugié

J’ai accueilli dernièrement deux chats de la SPA vermifugés, un cacatoès du Bois-du-Petit qui souffre de troubles du langage et qui heureusement peut suivre des cours d’orthophonie pris en charge par l’AI, enfin ! Un aigle royal aile-bot qui a foncé bêtement sur une éolienne, merci elle se porte bien, il me reste néanmoins encore de la place pour accueillir comme il se doit, un réfugié.

 

Vais-je succomber au chant des sirènes, vais-je moi aussi être submergé par la foi, la bonté, la générosité, le partage, la solidarité apparus comme par miracle après les foudres des missiles qui ne sont pas patriotes ? Je suis quelqu’un de très accueillant, je ne suis pas regardant mais je ne suis pas foutu de savoir quelle sorte de réfugié choisir. C’est qu’il y en a une telle quantité sur le marché en ce moment que honnêtement mon cœur balance. Il y en a qui sont chez nous depuis des années, des réfugiés d’expérience qui, semble-t-il, n’ont jamais entendu parler d’un livret « S » et qui croupissent avec 2 « S » dans l’attente d’une formation, d’un travail, d’une école, d’un renvoi par DPD. Et puis il y a des réfugiés tout frais, tout neufs, bombardés du jour. Excellent rapport qualité prix m’a-t-on dit. Très facilement intégrables, bref, le réfugié parfait, celui dont tout le monde rêve.

 

Mais pourquoi tout le temps choisir les plus beaux, ceux qui nous ressemblent le plus, ceux qui promènent les mêmes chiens, ceux qui roulent les mêmes voitures, ceux qui écoutent la même musique, ceux qui se repentent dans les mêmes multinationales de la spiritualité, ceux qui ont les mêmes cartes de crédit ? Non, non, non ! Si on tirait au sort notre réfugié. Allez hop, tous dans le même panier, celui des humains. Un réfugié qui aurait les mêmes droit que tout le monde.

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